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Du pinard, des bédés et du pognon

Non, ce billet n’est pas un panégyrique pour une alliance franco-benelux ou une demande de revival de Licence IV (qu’on aurait vraiment dû envoyer à l’Eurovision), cet article est une petite transposition de réflexions récentes sur la thématique des histoires. Et c’est drôlement important les histoires, la preuve : vous passez votre temps à vous en raconter non ?

Tout a commencé par une belle soirée d’avril 2016 où la température était agréable, le football loin de nous et l’hygrométrie plus favorable qu’en ce putain de mois de juin chti. À 19h15, je reçois un SMS : « T’es arrivé ? » qui me rappelle immédiatement que je me suis gouré dans mon agenda. Je me suis trompé d’heure. Bon, ça arrive. Pas d’interprétation inutile SVP.

Je suis invité par un de mes meilleurs amis à une dégustation de vin bio. J’arrive à la bourre. Heure de pointe en ville. Je gare mon vélo juste devant la boutique (<- le vélo cay bien le vélo cay bien le vélo cay bien) et je franchis le pas-de-porte. En retard, je présente mes excuses et je fais la bise à tout le monde histoire de passer pour un mec sympa.

La dégustation est intéressante. Je découvre des choses qui changent ma façon de voir et cette soirée est marquée par deux trucs : la BD les ignorants de Davodeau qui m’est conseillée par deux personnes très différentes et l’art de raconter des histoires.

En rentrant chez moi, j’achète la BD de Davodeau en version électronique, trop impatient de poursuivre l’ambiance de la soirée. C’est l’histoire de la rencontre entre l’auteur de la BD et un vigneron qui travaille en biodynamie, le livre me plaît bien et me donne envie de lire plein d’autres bandes dessinées. Je commence alors une période de « binge reading » qui part dans plusieurs directions : David B, Davodeau, Gibrat, Chester Brown, Taniguchi. Je prends beaucoup de plaisir avec ces auteurs, je vous les conseille. D’autres conseils de lecture sur le forum dequaliter.com.

L’autre grand truc de la soirée, c’est l’art de raconter des histoires. Pendant que le commerçant nous décrivait la topographie de la région d’où venait le vin que nous goûtions, j’étais mi-fasciné mi-énervé. L’histoire de la vigne plusieurs fois centenaire qui plonge ses racines à des dizaines de mètres de profondeur pour puiser ses nutriments que l’on retrouve dans le vin évoque toute la beauté de la terre nourricière. Notre alimentation ne tombe pas du ciel (pun sans faire exprès) et la problématique de la nourriture est universelle.

D’un autre côté, je suis hyper analytique, control-freak prédestiné à l’anesthésie, et une partie de moi se méfie des belles histoires, j’y vois aussi du story telling pour endormir notre critique et nous vendre des bouteilles de pinard correct, mais pas non plus divin à 30+ euros la bouteille…  Je ne sais pas vraiment ce qu’est le marketing, mais j’essaye de m’en méfier parce que je me connais : dès que je baisse ma garde, je tombe dans le panneau.

Plusieurs semaines plus tard, alors que j’essuyais la table familiale constellée de reste nourriture collante comme savent en produire les enfants d’âge préscolaire, me vint cette réflexion puissante : « non mais oh, les histoires au final, c’est super important non ? pourquoi est-ce que je me braque comme ça ? les histoires, n’est-ce pas ce qui crée un socle commun entre les gens ? » Là-dessus, on m’a appelé pour aller lire Blanche-Neige pour la trente-quatrième fois.

Bien après cet Eurkêka cheap, j’en cause avec mon pote Philippe au téléphone (les plus de 35 ans passent des coups de fil, #sachezle) et il me conseille de regarder une présentation TED de Yuval Noah Harari sur ce sujet.

Cet historien de l’université de Jérusalem décrit très bien à quel point les histoires sont finalement LE point fort de notre espèce. Avec notre langage qui permet de raconter des trucs qui n’ont rien à voir avec la réalité, nous avons pu faire émerger des cultures communes facilitant la coopération : je ne connais pas cet individu, mais nous partageons une façon de voir qui nous permettra de collaborer. À un moment de son topo, il aborde la problématique de l’argent qui est peut-être aujourd’hui une des rares histoires universelles. C’est un peu dingue que parmi tout ce que l’homme peut créer/produire/inventer ce soit l’argent, la monnaie et la banque « qui mettent « tout le monde d’accord, mais c’est comme ça !

Pour finir sur une note plus optimiste, rêvons tous les jours un petit peu, racontons des histoires, évadons-nous dans notre imagination, ça ne coûte rien et ça peut rapporter gros !

3 réponses sur « Du pinard, des bédés et du pognon »

Sérieux : tu n’as pas lu son book « sapiens une brève histoire de l’humanité »? Must read man!

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