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Récit d’un premier triathlon format Ironman : Challenge Roth 2018

Je ne sais pas comment commencer ce compte-rendu de course. Faut-il faire allusion à ce fameux reportage de Stade 2 où Laurent Jalabert faisait découvrir l’Ironman d’Hawaï au grand public ? faut-il expliquer qu’il me fallait une excuse valable pour acheter un vélo de chrono ? faut-il remonter à ce barbecue du club où notre champion Antoine m’a invité à venir à Roth avec lui ?

Je ne sais plus quand j’ai basculé du fantasme à la compréhension que c’était possible. Mais on s’en fout en fait, ce qui compte c’est de passer à l’action à un moment ou un autre.

Et la première action clé c’est l’inscription. Comme je voulais vraiment participer à Roth, j’ai fait la queue dès 6:00 du mat’ le 10 juillet 2017 pour obtenir ma place. Ce faisant, 139 neuvième dans la file, j’étais assuré d’avoir un dossard pour 2018. Comme ça s’est fait et en même temps on participe au folklore du Challenge Roth (un petit café par le patron ça ne se refuse pas !) Encore merci à Antoine de s’être levé si tôt le lendemain de son exploit (8h23 !!!).

A partir de ce moment là, j’y ai pensé tous les jours sans exception. J’étais obsédé par cet objectif. Un peu trop même et il a fallu louvoyer pour trouver le bon dosage dans la tension vers ce but mais tout ça pourrait faire l’objet d’un autre billet. Bref, ma préparation s’organise.

La deuxième action clé a été le choix de mon coach. Mon instinct me dit de travailler avec Julian Nagi qui m’a appris à nager. Je lui suis tant redevable, les mots me manquent.

Fast forward dernière semaine de juin 2018. Je suis champion du monde de l’affûtage catégorie anesthésiste entre 63 et 65 kg : resto à gogo, copains, siestes, spa, la relâche avant la course fait du bien. Je suis très en confiance quant à ma natation, des séances clefs à vélo m’ont consolidé pour la course et mes bobos de coureurs vont miraculeusement mieux. La course à pied m’effraie le plus mais je vais jouer la carte de la gestion puis courir avec le Coeur et ça passera ! Les check lists sont faites (salute Fred !) et j’en ai besoin car ça reste un petit point faible la préparation du matériel, j’oublie toujours un truc, ma check list est peaufinable.

Départ vendredi matin après avoir déposé les enfants à leur répétition de fête de l’école, vrai pincement au coeur mais il faut y aller. La route a été super relou. Clim HS, embouteillages à gogo, juste bien pour stresser et arriver au retrait des dossards 4 min avant la fermeture. (ok le lendemain c’était possible mais l’avenir  m’aura donné raison d’avoir sprinté jusqu’au retrait des dossards) Voilà bien un truc que j’avais sous estimé : le trajet.

Direction la pasta party pour l’ambiance et surtout parce que Stef La Légende y était avec Anne. Je n’aime pas trop ça et je crois qu’il faut que je raye définitivement de ma liste ma participation à ces repas. Trop de bruit, trop chaud. Disons que le folklore et les souvenirs de l’année dernière m’y ont poussé. La douche à l’hôtel de Greding (astay = good spot) fait du bien mais l’hypervigilance qu’on développe vis à vis de son corps avec le sport est exacerbée à la veille des courses et je sens bien que mon nez et ma gorge sont en déroute… je ne psychote pas là dessus, je ne peux rien y faire, juste un thé au miel demain et je passe à autre chose.

Veille de course. Petit tour en vélo avec Stéphane. J’ai souvent un doute quant à ces petits exercices d’avant-course mais la conclusion est que c’est vraiment utile. La mécanique du vélo est au poil. Mes sensations sont bonnes. Je suis juste tracassé par ma fréquence cardiaque vraiment plus haute que d’habitude… chaleur, stress… tout ça est normal, l’hypervigilance ne doit pas tourner à la confusion. Heureusement, nous avions déjà parlé avec Julian de la nécessité de mettre ça de côté autour des courses, c’est quelque chose vers quoi j’aimerais tendre même si le lendemain ira à l’encontre de ça… A la fin, reconnaissance de la montée de Greding. Bien utile car ça permet de savoir à quoi s’attendre. Pour info, jusqu’au boutiste comme je suis, j’avais réfléchi à faire la reco complète soit sur le terrain soit en virtuel avec Rouvy mais ça ne m’a pas manqué. J’avais juste noté le virage Frodeno, mais ça je le savais depuis le 8 juillet 2017, Antoine m’avait prévenu (et peu après Richie Porte s’était vautré)

Bon, ça va être l’heure d’amener le vélo ! Oups. Premier demi-tour sur la route un petit oubli dans le sac course à pied. Rien de grave mais j’avais prévu de démarrer avec un petite bouteille d’eau sucrée (Maurten), et je suis ravi de l’avoir eue. (Plutôt comme un doudou grigri que pour des raisons métaboliques). Arrivée au parc à vélo. Je suis content d’être déjà venu, ça facilite les déplacements. Hop, je remonte le vélo. Je gonfle prudemment, pas au max, juste un truc compatible avec la course, 6 bars. Double vérification #tocdanesthesiste et vl’a t y pas que le dérailleur arrière ne passe plus.

Heureusement, c’était prévu. Cliffhanger en carton. J’avais noté dans mon plan d’avant course que j’aurais des merdes et qu’il faudrait les gérer, là encore agir pour ne pas subir. (bon je fais le malin mais les catécholamines sont montées en flèche). Le diagnostic est vite posé, micro perte de temps à essayer d’appeler à l’aide au téléphone -réflexe de gazier de CHU- et bien recadré par mon Amour, je trace dans la boutique de vélo la plus proche. J’oubliais de vous dire que le parc à vélo ferme dans moins de deux heures.

A quelques hectomètres de là (là encore c’était bien d’être déjà venu) je rencontre la Reine des Nibelungen. Je confie mon vélo au magasin et elle me promet que le timing sera bon avec une attitude tellement pleine de réassurance que je me dis avec le peu de lucidité que j’ai à cet instant : ça va aller. Nous partons donc manger un peu avant 15h. J’ai l’estomac un peu noué mais je ne peux rien faire de plus. Au pire, je fais tout en fixie. Je l’ai déjà fait (que ça soit la distance -ou presque- ou sur un triathlon) !

15h35 je marche dans Hippolstein comme un PACES 1ère année vers le tableau des résultats. Je suis à 120 de pulses en marchant

15h45 je vois mon vélo sur le rack avec la chaîne sur un autre pignon que lorsque je l’ai déposé. Les pulses repassent à 115 😉 Fissa Fissa vers le parc. Casque sur la tête. fait chaud. Hop hop. Tiens y’a tous les champions ! Même le pote Fred qui a réussi à rentrer sans casque parce qu’il en a un tout nouveau la veille. Je trouve ça assez wtf mais je file vers mon emplacement à Tataouine j’ai des trucs à gérer et je suis un peu en mode adrenaline overflow.

Une fois rasséréné j’accomplis ma mission du weekend.

Et voilà, je me tranquilise. Après un si gros coup de stress, je suis serein. Les surrénales sont vidées, la course ne me fait plus rien. Soirée tranquille, endormissement bizarre mais OSEF.

Je pensais me réveiller tout seul vers 3h30  comme les jours précédents mais là, y’a un petit couac dans les cycles, je suis dans le pâté. C’est pas grave, je me reconditionne, je sais pourquoi je suis là, je sais ce que j’ai à faire (coucou Vincent !). La gorge est toujours bof mais je n’ai qu’à l’accepter. c’est pas compliqué en fait. Je me remémore sur le trajet qu’il n’y a qu’à nager, rouler et courir et que tout ça n’est fondamentalement pas très compliqué (comparé au tweet sur l’APRV auquel je trouve encore le temps de répondre à 4h45, débilos d’addict aux réseaux sociaux que je suis).

Je comprends en arrivant dans le parking que je n’aurais pas tant le temps de glander que ça car ils veulent les sacs natation à 6h15 et qu’après je ne pourrais plus sortir du parc (bon en théorie, parce qu’en pratique, ça me parait possible en cas d’urgence absolue). Je croise M Antoine C avec Christelle, ce mélange de force et de douceur chez cet homme est assez amusant. (Antoine C va faire la course en 9h46, voyez le genre ? :))

A ce stade du récit, vous ne comprenez pas comment je peux avoir écrit 1400 mots sans parler de la course, et bien c’est pour vous faire miroiter que même s’il est fondamentalement simple de nager, pédaler et courir, y’a encore des surprises.

Que vois-je dans le parc : mon peu avant raplapla de chez raplapla. Là, je suis moins performant cognitivement que la veille, je commence par me plaindre sur Messenger, si c’est pas con comme réflexe… je tergiverse un peu et puis je m’apaise, je reviens au plan : gérer. Il suffit de changer la chambre, action. Je perds une chambre de secours mais c’est pas la fin du monde. Comme j’ai du temps devant moi, je demande quand même à mon Amour d’aller chercher une chambre laissée dans la voiture par hasard (c’était pas planifié) mais finalement cette chambre qui traînait a une valve trop courte. Je crois que mon Amour stressait plus que moi à ce moment là 😀

Et là, qui vois-je ? la Reine des Nibelungen ! Elle prend de mes nouvelles, je lui raconte, elle est stupéfaite, elle se tourne vers un carton et me tend une chambre neuve à la bonne taille de valve. Gratis. Elle me dit que maintenant elle est sûre que je vais avoir une bonne course. <3 <3 <3

Tout ce micmac a un peu chamboulé mon planning d’avant course mais le principal est géré. J’enfile ma combi, un dernier bisou plein d’émotions et je suis vraiment content d’aller nager. (Intermède pipi caca prout ((dans l’attente finale avant de rentrer dans l’eau je sens un pet coincé et pratiquant de la théorie du petit caillou dans la chaussure et me souvenant d’une histoire de la Légende à Nice à 2008 -comme quoi Facebook ça sert quand même- je passe pour la troisième fois aux toilettes, le déshabillage de la combi dans les chiottes chimiques fait figure d’échauffement)))

Je suis dans les premiers pour rentrer dans l’eau à 7h50. Je remercie les bénévoles comme j’essaierais de le faire tout le long de la course. Je suis super content. C’est la première fois que je suis devant et je suis confiant. L’eau est bonne. J’adore. Je prends mon temps pour bien m’immerger et souffler longuement dans l’eau. Je m’installe sur le côté droit comme je l’ai longtemps imaginé dans ma tête. Le canal parait moins large une fois qu’on est dedans, c’est tant mieux j’aurais moins de risque de zigzaguer ! (Sur mon premier triathlon à Gravelines, j’avais réussi à me retrouver à 90° par rapport au sens de la course quand même !)

Le départ est donné, je suis bien, super bien. Un chouilla vite mais je me sens quand même facile. Ça passe super vite. J’essaye de prendre les pieds quand j’en vois mais en fait, je passe du monde et je ne m’accroche à personne. Benoit m’avait prévenu que le retour pouvait être long mais tel un Mark Allen imbibé d’huiles essentielles je prends l’énergie du soleil qui nous chauffe le dos et je chantonne dans ma tête (merci les copains de m’avoir amené voir les Guns !). Aux anges. On arrive déjà au pont du retour. Quand bien même je me sens bien, je ralentis un peu par prudence. Il  n’y a que proche de la sortie de l’eau que je sentirai la franche camaraderie des triathlètes immergés…

A la sortie de l’eau, petit bug, comme j’ai été pertubé en avant course, j’ai mal repéré où est mon sac que j’avais d’ailleurs confié à un bénévole à 6:12 pendant que je réparais mon pneu. Des petites secondes et une paire de lunettes perdue (celles que j’avais en backup dans ma combi), rien de grave. Je ne bénéficierai pas non plus de crème solaire, snif. Je file au vélo !

Je découvre que là aussi j’avais un peu merdé en oubliant d’allumer mon GPS et de calibrer mon capteur de puissance. Ça n’empêche pas de pédaler ! en avant ! Je profite des encouragements de la foule en entraînant la foule avec moi dans le virage qui monte vers le pont ! c’est top ! pure joy !

Le vélo c’est parti ! je suis carrément euphorique et pour la première fois je commence à dévier de mon plan. La puissance est un peu plus élevée que prévue. Rien de fou non plus, je suis de mémoire à 179-181 de moyenne alors que je visais 169 (FTP estimé mais pas mesuré à 260 W/4,13 W/kg).  Ça roule vraiment vite. Je vois vite François qui est parti dans la vague me précédent. On a le vent dans le dos je pense, c’est pas possible d’aller aussi vite. Plus loin, les autres me paraissent collés 😉  Petit soucis de peau de couille coincée, pas facile de gérer ça en roulant vite et aéro ! Mais toujours selon la théorie du caillou dans la chaussure, je règle ça et tant mieux ! (j’avais d’ailleurs un sachet de crème Rapha dans ma poche, crème offerte par Francesca, imaginez ce que vous voulez avec cette information ! coucou Alain !)

On arrive à Greding, et là, encore des péripéties ! dans la montée je perds les informations du capteur de puissance. J’avais déjà eu le coup à Troyes. Je pense que le Bluetooth est plus capricieux que le Ant+ et je n’avais pas réglé fermement ce truc d’autant que Bluetooth n’apparaît plus dans les réglages de la Forerunner 935. Et il aurait été souhaitable de le couper. Bon bon bon. Les chiffres reviennent mais me paraissent foireux. Je tourne les jambes à l’envers dans l’espoir de recalibrer le Powertap sans succès. Je ne veux pas m’arrêter pour recalibrer. Ou au minima arrêter le Garmin sur le vélo et laisser la montre. Ça aurait pu être une solution. Bref, j’ai un post à faire rien que là dessus parce que ça me turlupine. Néanmoins, j’ai fait mon meilleur triathlon sans capteur, j’ai appris à travailler à la sensation, je vais me démerder !

La descente loin après Greding (le virage Frodeno) fait du bien. Le cœur redescend enfin sous 140 🙂 Juste après Wurf et Kienle nous passent, je les encouragent ! J’ai encouragé tous les prénoms francophones que j’ai croisés d’ailleurs 🙂 les dames sont plus souriantes et réceptives que les mecs ! On aborde la fameuse montée du Solarberg et c’est franchement top toute cette énergie ! Mais c’est presque trop court 😉

Le deuxième tour arrive. Contrairement à mon plan, j’allège un peu le rythme. J’ai moins de repères numériques, les sensations restent bonnes, le chrono aussi, mais la température monte sérieusement, je pense qu’il faut encore courir, je bois et mange et je reste patient. Ça déroule .  Y’a du vent mais je le prends comme un allié pour me rafraîchir (Mark Allen style again ;)) Greding arrive et je suis content parce que 10 bornes après c’est la descente où on se repose quelques secondes. Avant les épingles à cheveux, je pense à ce que j’ai appris à Morzine avec Buzz Triathlon, de bons souvenirs et de bons conseils surtout 🙂

Les réserves de flotte diminuent pendant que la température monte. Je suis content d’être parti avec un max de réserve perso parce que c’est lourd d’attraper 800 grammes à la volée et que la boisson à l’orange c’est vraiment pas à mon goût. Régulièrement je m’imagine sur mon circuit d’entraînement : « Ça y est je suis à Diskmuide (chez les fusiliers-marins bretons de la brigade Ronarch’ chère à Didier), là j’arrives à Messines, allez encore cette petite boucle par Warneton… » Allez, ça avance, ça avance, bientôt la course à pied !

Voilà le virage vers T2 ! Youpi, j’ai quand même joué avec la limite en vélo, à pied, je sais que je saurais mieux me maîtriser par expérience, moindre confiance et probable point faible du moment. T2 passe très bien. Pas de cafouillage. Pas la chance de nouer des liens avec une bavaroise mais je file vers Roth. Un petit bisou en passant, ça fait du bien !

Je croise la tête de course des femmes qui a l’air très serré. Je crie à Lucy Charles « Go you’re the best » ! (#ceuxquisaventsavent ;)). Et j’avance tranquillement. Je me fais doubler et ça me ravit, c’était prévu 🙂 Je me sens mieux que je ne l’imaginais. Je vais piano comme prévu. Je veux faire moins de 4h, je me fixe donc à 5:35, c’est risqué mais c’est comme ça. Je me sens plus confortable qu’en vélo, et ça me surprend, j’ai du appuyer en vélo en fait… le capteur de puissance, arme à double tranchant, j’en découvre des limites alors que je suis un vrai bizuth… (Dunning-Kruger est au coin de la rue…)

Je me balade, ça va être un long footing ! Je m’asperge bien, il fait chaud mais je ne subis pas la chaleur (vive le sauna !). Je croise Fred, nous nous encourageons mutuellement. Je suis super content de ce que je fais. Je respecte ma prudence. Après le 8ème je commence à mariner un peu. J’ai envie de m’installer dans une allure un chouilla plus ambitieuse, j’en rêve, je l’ai tellement imaginé… je vais gentiment vers 5:25/km. je suis impressionné par tous ces gens qui courent vite. Le niveau me parait dingue. Contrairement au vélo, j’ai l’impression qu’ils sont tous pressés. Je reste à mon allure.

Et soudain, mais avec un effet de surprise comme seule Blanche Gardin sait le décrire dans son sketch sur la sodomie (autorisez moi ce dérapage, la fatigue me rend frontal), je suis abattu. Bim, un sniper m’a shooté dans les ischios ! Collé. Bon. Restons dans l’action, j’avance, je fais tourner mes mantras positifs à plein tube. Je pense à tous ceux qui me soutiennent et j’ai envie qu’ils soient fiers de moi. Je pense au travail que nous avons fait avec la Fondation de l’Hôpital Marie Lannelongue pour montrer qu’il peut y avoir de beaux efforts sportifs avec un cœur opéré, je pense à mille choses positives. Beaucoup de ces pensées relèvent de l’intime (#indestructible*s*) et j’enrobe tout ça d’un bon coating sucré hollywoodien avec toutes les vidéos de motivation que je me suis enfilées en faisant mon home-trainer #jocko. Bref. Je sais qu’après des coups de moins bien il peut y avoir du mieux. Je le sais. Je l’ai vécu. Je reste patient. Je me promets une barre énergétique que j’aime bien au prochain virage loin là bas au bout du canal.

Et cette barre m’a fait un bien fou. A peine dans la bouche, la magie du cerveau est là. N’allez pas dire que la bouffe a plus d’effet sur moi que tout ceux que j’aime, mais c’est à ce moment là que je suis reparti.

Et là, je suis rentré dans un mode qui m’a surpris moi même. J’étais vraiment en mode machine. La douleur s’est apaisée. Mes pensées sont positives, je suis surpris par le détachement que j’arrive à éprouver vis à vis de l’adversité. Et j’avance. J’avance bien. Pas vite mais bien. Good is good enough.

Le reste de la course va finalement passer assez vite. Cette élasticité du temps continue de me fasciner. Les kilomètres passent. Il n’y a pas de mur du 30ème puisque je ne fais pas un marathon mais un triathlon. Et puis, j’ai eu ma dose toute à l’heure. En avant ! Attaka ! Le passage en ville est chouette avec tous ces supporters que je remercie. S’en suit la très courte mais si difficile montée vers Buchenbach, je passe sur le grand pignon. Je me vois déjà faire le chemin dans l’autre sens. Je passe Fred qui souffre malheureusement de crampes (il finira avec un super 10h59 !) je veux vraiment finir fort, j’utilise tout ce que je sais faire pour accélérer mais l’allure reste stable sur ma montre. Les crampes pointent le bout de leur nez. Je reste prudent.

Au 39ème mon Amour me raconte tous les messages d’encouragements, je suis vraiment ému, le mode machine se désactive. Je glisse vers l’arrivée poussé par mes Amis et ma Famille. Je me souviens de ces derniers hectomètres de l’année dernière… je l’ai visualisé tellement fois cette arrivée ! Elle est même en photo dans mon « laboratoire de performance » ! Je pensais tellement que j’allais m’effondrer en pleurant vu l’émotivité que j’avais ces derniers mois mais non. J’ai été très ému bien sûr mais pas de cinéma !

Voilà, j’ai couru avec mon Coeur.

Merci.

P.S. la campagne de recueil des dons pour la Fondation Hôpital Marie Lannelongue a rapporté plus de 1000 euros, merci.

P.P.S. ma vraie médaille m’attendait chez moi

P.P.P.S La Garmin Forerunner 935 tient très bien le choc en terme de batterie, il me restait plus de 50% à la fin de la course

42 réponses sur « Récit d’un premier triathlon format Ironman : Challenge Roth 2018 »

Emouvant ton résumé et interessant.

Question: Y-t-il dans les top ironman (50-100 premiers), des personnes qui ne monitorent pas du tout leurs efforts ?

Merci d’avoir appelé ça un résumé car les détails vont venir par la suite 🙂 si si !

Oui des pros courent sans capteur de puissance, ils s’entrainent avec mais ne le mettent pas forcément le jour de la course et j’ai entendu dire que c’était le cas de Kienle (qui a encore gagné dimanche d’ailleurs) et de Wurf qui bat tous les records de parcours à vélo (mais qui pète à pied, il ferait ptêt bien de tenir ses watts lol) (et je pense qu’ils s’en cognent carrément de leur fréquence cardiaque, moi je la gardais affichée en backup si capteur déconnait justement, je sais que ça pouvait me servir de surrogate marker)

Hello Joel !

D’après ce que j’ai lu, une pratique régulière du sauna, genre 2×15 min de façon plurihebdomadaire est utile car
– psychologiquement tu t’entraines à la chaleur
– ton corps s’adapte avec notamment une augmentation du volume plasmatique qui est bénéfique sur le plan hémodynamique pendant l’effort
– la composition de la sueur peut changer avec peut être moins de perte sodée
– le stress par la chaleur engage des mécanismes protecteurs/d’adaptations via les HSP (heat shock proteins) et l’hormone de croissance. Sur ce sujet, tu peux chercher les podcasts/blogs où le Dr Rhonda Patrick s’exprime (chez Tim Ferris ou Peter Attia)
– ensuite moi j’aime bien pour relâcher les muscles et y faire mes étirements
– enfin, ça m’apaise, j’ai une bonne sensation de bien être après, peut être à mettre sur le compte de la dynorphine

J’ai déjà entendu des athlètes de heut niveau qui avait investi dans un sauna à domicile pour ces bénéfices. Moi j’ai la chance d’avoir une piscine municipale où on peut y accéder pour une somme modique.

bye

Merci Rémy, c’est toujours un plaisir d’avoir une réponse documentée telle que celle apportée ici. D’autant plus qu’elle est vérifié avec une bonne source et des données physiologiques. Je suis depuis des années maintenant ta progression et j’en suis admiratif. J’apprécie ton sens de l’analyse et de l’optimisation. A quand mon.sésame pour Strava ? Bien à toi. Joël Degat

Je vis une relation houleuse avec Strava. Des fois je suis, des fois j’efface. Surtout dans les six derniers mois, je l’avais mis de côté. ça met parfois la pression de voir les entraînements des autres. Et puis je me suis fait aussi stalker et c’est pas marrant. Je préfère donc juste limiter ce réseau social et suivre peu de gens… je changerai ptet d’avis dans quelques semaines

Excellent !!! Félicitations !!! On a l’impression d’y Être , tu as
Concurru avec ton cœur et écrit avec aussi !!! T’es énorme rémi !!
Fière de toi

L effet de surprise c en fait la soudaineté. On a d ailleurs rarement vu un truc aussi soudain dans toute l histoire de la soudaineté. Excellente Blanche. Félicitations pour ton run, J espère pour pouvoir un jour passer du fantasme à la compréhension que c possible. Chit

Bravo ! Quel exploit personnel, sportif et technique ! il y a tout ce qui fait l’être humain dans ce genre d’épreuve : de l’émotion, du mental, du technique, du ressenti, de l’amour des proches, de la pugnacité dans l’effort…C’est beau. Les sensations doivent être énormes et tu l’as bien retranscrit.

Merci pour ce très agréable récit ! Il me motive et me projette pour la “fête” 2021, le 5 septembre… soit 25 ans exactement après mon 1er triathlon du format (Embrunman). J’espère le vivre de façon aussi positive que ça 😉

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