Je viens de refermer Le cygne noir : La puissance de l’imprévisible
de Nassim Nicholas Taleb. Ce livre me laisse une impression mitigée. D’une part j’ai l’impression qu’il contient des idées intéressantes et des anecdotes lumineuses, d’un autre côté je me sens frustré de ne pas pas avoir compris un bon paquet de paragraphes !
Sur la forme, l’auteur a une plume agressive et dispense beaucoup d’autobiographie. Il semble d’abord régler ses comptes avec les banquiers, les universitaires et les cravates pour ensuite essayer de nous faire passer un message. Il y a donc beaucoup de « moi je pense ceci, eux pensent cela » . On aime ou pas. Moi je trouve ça plutôt bien de prendre parti pour un concept que l’on défend. Le bémol c’est quand l’auteur verse dans le style « développement personnel » alors qu’il s’en défend par ailleurs, genre « oups i did it… »
Sur le fond il y a quand même un ou deux trucs que je retiens. J’ai bien aimé les explications sur le besoin qu’a l’humain de créer, de raconter ou de croire en des histoires. On se fait berner mais on en redemande. Pour l’auteur c’est surtout parce que nous ne sommes pas disposés à faire avec le hasard ou des données abstraites. C’est pourquoi nos cerveaux inventent des explications ou essayent de remettre les choses dans des cases (ce que NN Taleb appelle la « platonification »)
Ensuite il explique que les prévisions de toutes sortes c’est tout simplement du « bull shit » sur toute la ligne. Il faut juste oublier l’idée de prévision, surtout en sciences sociales. Il en profite pour écorcher allègrement les « costards-cravates » de tout poil qui vendent des histoires fumeuses à la terre entière. Ses démonstrations sont assez convaincantes.
J’ai par exemple beaucoup aimé son exemple de la série de points qui forment une droite. On a tout de suite envie d’y voir une corrélation de type y = ax En changeant l’échelle en abscisse il nous montre que la courbe pourrait tout aussi bien prendre par la suite un aspect logarithmique ou sinusoïdal… imprévisible ! Ainsi nos envies d’explications ou de prévisions tombent à l’eau. On a envie de connaître un phénomène alors on veut le mettre en boîte mais la vérité est peut être bien ailleurs !
Ma petite déception vient du fait que finalement NNT (notez que je permets une petite familiarité puisque l’auteur se cite comme ça dans son bouquin 😉 ) traite finalement pas assez des cygnes noirs. Il nous explique que nous vivons comme si nous faisions abstraction de la possibilité d’événements soudains et lourds de conséquences mais parle finalement peu de ces événements. J’aurais aimé plus d’exemples et de description de son concept.
Finalement, cet essai m’a fait prendre conscience de choses intéressantes et j’aurais tendance à conseiller la lecture, c’est en effet assez déculpabilisant d’arrêter de voir du cause à effet partout…
4 réponses sur « Le Cygne Noir de Nicholas Nassim Taleb »
Un peu comme la théorie des dominos, sauf qu’il refuse le tracé fait par « Dieu » tout en ignorant qu’en fait, nous sommes les propres maîtres d’une partie de notre destin, l’autre part relève de l’effet papillon ?
A vouloir voir du hasard partout il s’engage dans le « fatum » antique.
Or, en analysant et en prenant du recul, dans bien des cas, il n’y a pas de hasard mais beaucoup de réactions et de conflits d’intérêts.
en fait il ne traite pas beaucoup du destin. On trouve plutôt un point de vue sur le fait que nous faisons des associations de cause à effet trop faciles qui ne sont pas forcément véridique. En plus le gros piège est de se servir de ces associations de fausse causalité pour essayer de faire des prévisions.
La problématique philosophique est finalement discutée à l’échelle micro et pas tant que ça le concept de destin
Enfin, je suis d’accord avec vous pour avoir apprécié quelques lectures d’origine autre (bouddhisme) que l’interdépendance entre les choses, les êtres vivants est beaucoup plus grande que ce qui nous saute aux yeux
[…] fait cette expérience en ligne après la lecture du Cygne Noir, j’avais trouvé remarquable cette volonté que nous avons toujours de vouloir coller une […]
[…] J’ai été attiré par ce bouquin parce qu’il me semblait dans la même veine que Le Cygne Noir de Nicholas Nassim […]