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codéïne et tramadol pour une amygdalectomie

J’ai une aversion naturelle pour la codéïne et le tramadol (encore plus pour ce dernier d’ailleurs). Ainsi depuis qu’il y a eu plusieurs alertes sanitaires sur ces médicaments j’espére qu’une réflexion plus profonde s’engage sur ce sujet. Je pense qu’on prescrit beaucoup trop ces antalgiques dans les secteurs de l’urgence et du post-opératoire.Mais tout cela constitue un débat de fond. Le problème actuel c’est l’analgésie après amygdalectomie (chez l’enfant)

La codéïne est pointée comme une molécule dangereuse dans le sens où elle est parfois métabolisée de façon « hyperefficace » en morphine par certains patients, aboutissant à des taux sériques dangereux. Les complications graves décrites sont des détresses respiratoires et des décès du fait d’une dépression de la commande ventilatoire +/- associée à un oedème des voies aériennes supérieures.

codeine

Dans notre service, nous avons décidé de basculer l’analgésie vers la morphine, plus prévisible. Malheureusement cela demande « quelques adaptations logistiques ». Dans l’attente des solutions préconisées par les experts, nous avons décidé de cette procédure :

1° On délivre des ordonnances sécurisée dès la consultation d’anesthésie pour que les patients aillent chercher l’ORAMORPH avant l’intervention. La présentation choisie c’est ORAMORPH 20mg/ml

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2° On a mis en stock de la morphine en sirop concentrée à un mg/ml au cas où les parents ne ramène pas l’ORAMORPH

3° On a établi un tableau de correspondance (un peu grossier) pour des prescriptions simples, équivalentes à ce que l’on faisait avant avec le CODENFAN

1.
Racoosin, J. A., Roberson, D. W., Pacanowski, M. A. & Nielsen, D. R. New Evidence about an Old Drug — Risk with Codeine after Adenotonsillectomy. New England Journal of Medicine 368, 2155–2157 (2013).
1.
Gasche, Y. et al. Codeine Intoxication Associated with Ultrarapid CYP2D6 Metabolism. New England Journal of Medicine 351, 2827–2831 (2004).

7 réponses sur « codéïne et tramadol pour une amygdalectomie »

Je croyais que l’indication d’amygdalectomie dans les angines récidivantes avait disparu. Vous en faites encore? Il y a d’autres indications chez l’enfant?

D’accord avec toi mais quelques remarques:
1- combien de morts avec la codéine chez l’enfant?
2- n’y aurait-il pas un pallier 2 en préparation chez le labo de codenfant? Ce qui lui permettrait un lancement fulgurant. (Cf diantalvic interdit puis remplacé par Ixprim au plus grand bonheur du labo)
3- es-tu sur de ton contrôle de dose d’oramorph et de ta biodisponibilité ?
4- ne pas oublier la place des corticoïdes qui eux sont efficaces avec des essais de forte puissance
5- je n’arrive pas à lire ta table qui m’intéresse beaucoup
6- j’aime pas le tramadol non plus mais l’association avec le paracetamol améliore quand même les choses
Merci pour ce billet!

Salut

1) pas beaucoup mais je pense qu’en matière de iatrogénie il faut vraiment être « béton » quand les conséquences peuvent être aussi grave et que le traitement n’est pas vital. Le parallèle avec le tétrazepam : médic de confort et rares évènements dermato très sévères.

2) pas à ma connaissance

3) la personne qui prend/donne le médicament peut toujours se tromper mais a) MORPHINE ça fait peur donc le parent redouble de vigilance b) oui la pharmaco nous dit que c’est plus sûr puisque tu donnes une molécule qui n’a pas le même métabolisme

4) oui of course, chez nous tu te souviens on fait 0,5 mg/kg de dexamethasone à l’induction

5) est-ce que là t’y arrives ? https://docs.google.com/spreadsheet/pub?key=0AjS0E5yfWgyvdEJkcVh4aDNUbnpkQ2VueG9Bcm5wR0E&single=true&gid=0&output=html

Pour répondre à JeeP les indications d’amygdalectomie sont :
1- plus de 3-4 angines par an nécessitant antibio sur 2 ans
2- SAS
3- difficultés a avaler les morceaux
4- a titre histologique en cas de suspicion d’hemopathie
5- phlegmons periamygdaliens (récidivants ou non selon équipes)
6- lors de phlegmons amygdaliens lorsque l’amygdale est très décollée

Je suis pharmacien dans une clinique MCO et membre du CLUD. Nous sommes concernés par la problèmatique de la codéine désormais proscrite dans les amygdalectomies. Le tramadol constituant une alternative peu recommandable, j’aimerais échanger sur votre retour d’expérience de l’oramorph chez les enfants, notamment en ville : prescrit en systématique ou à la demande ? laxatif prescrit en systématique ? quid des nausées vomissements ? le mauvais goût de l’Oramorph est il bien accepté ? Quel est votre schéma d’adaptation des doses ? interdoses ou augmentation de la dose de base ? Puis je connaître le nom de votre établissement ? En effets, nos anesthésistes souhaiteraient appeler un de vos référents douleur.
Bien cordialement.

bonjour,

merci pour votre message

à dire vrai on n’a pas encore vraiment beaucoup de retour sur cette pratique

les NVPO sont prévenus avec les médicaments usuels et on a l’habitude de faire de fortes de doses de dexamethasone (0,5 mg/kg) à l’induction de ces blocs

nous n’avions pas prévu jusqu’à présent de laxatif pour une si courte administration, peut-être peut on simplement commencer par conseiller une eau minérale adaptée (riche en magnésium)

pour les doses avec les calculs d’équivalence que l’on a fait à partir des prescriptions usuelles de codéïne, je pense qu’on est pas trop mal situé.

Bonjour!
Le nefopam (oui, hors AMM!) après l’induction : à la louche : -80% de titration morphine en SSPI. Et en accord complet sur le tramadol dont la prédictivité d’action est trop aléatoire pour être utilisable.
Ken@vo!

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