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Le gel douche, la pastèque et la mauvaise foi chirurgicale

Enfant, je ne déplaçais pas sans mon « Copain des Bois ». Ce bouquin était ma bible, bien qu’élevé en zone périurbaine j’aimais m’intéresser à la Nature. Il semblait y avoir tant d’aventures à vivre, de choses à observer et à découvrir. A la préadolescence je dévorais les « Castor Junior » empruntés au comité d’entreprise et le magazine « La Hulotte ». J’étais également très fier d’être membre de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Je ne me souviens pas avoir eu une action concrète cohérente avec ces passions mais j’adorais ces livres et leurs promesses… C’était l’époque où l’aventure se concrétisait avec la construction d’une cabane…

A l’époque on n’entendait pas parler d’écologie. Mon père voyageait souvent en Allemagne et nous expliquait parfois que les « Verts » constituaient un vrai parti politique puissant là bas, rien à voir avec les dirigeants des Verts des années 80 qui portaient plus à la rigolade qu’autre chose.

Lorsque j’ai eu ma première carte d’électeur en main, les préoccupations environnementales prenaient de plus en plus de place dans le discours politique. Probablement qu’il fallait quelque chose pour séduire les électeurs les mieux lotis, et les communicants ont réinventé la Nature et la Planète. Né chanceux dans un environnement favorisé, j’ai écouté ces discours. Mon pouvoir d’achat se développant au fil des années, j’ai commencé à flirter avec certaines caractéristiques du bobo-écolo. Un peu vieux avant l’âge mais les faits sont là : j’utilise du savon d’Alep (je déteste le gel douche qui déverse trois fois plus de produit que nécessaire), je me déplace beaucoup en vélo et j’ai un lombricomposteur dans ma cour !

J’aime suivre l’actualité politique. Les podcasts nourrissent mon cerveau lors des entrainements de course à pied. L’habileté oratoire, la connaissance des sujets d’actualités et les rondades verbales m’amusent. Je pense que l’on ne peut pas convaincre quelqu’un qui ne partage pas les mêmes opinions ; et je sais que tout cela constitue surtout de la gesticulation médiatique qui s’auto-suffit, mais ça m’amuse. Récemment j’ai trouvé assez stupéfiant le débat sur la primaire des Verts. Il est vrai que Nicolas Hulot était frappé d’une ambivalence peu séduisante pour les encartés fondamentalistes mais j’ai trouvé qu’il existait une violence (trop) forte. Certes Nicolas Hulot a généré de l’argent à travers ses activités médiatiques, oui Nicolas Hulot se déplace en avion (je l’ai déjà croisé deux fois sur le même aérodrome avec un bel avion de voyage privé), oui des gens se lavent avec du gel douche ushuwaya (quelle horreur !) mais je n’ai pas trouvé que tout cela justifiait la haine dont il a été victime de la part d’électeurs soucieux de l’environnement. Récemment, j’ai fait un détour chez mon encadreur préféré. (Ce commerçant a embelli ma vie quotidienne grâce à la qualité de son travail, c’est important le Beau.) Impliqué dans la vie municipale, loquace et fort en gueule il m’a tout résumé avec cette phrase : « Vous savez comment on les appelle les écolos à la Mairie ? Les pastèques ! vert dehors, très rouge dedans et plein de pépins ! » Voilà un sens de la formule qui fait mouche !


Ainsi commençait à se dessiner tout doucement dans mon esprit la possibilité que l’écologie ne soit qu’une stratégie. Manœuvre culpabilisante comme notre culture sait si bien en produire. Avec des activités néfastes en terme de rejet de CO2 (parachutisme par exemple, où comment prendre un avion juste pour le plaisir de s’en balancer…) et mon côté « Copains des Bois » je suis le candidat idéal de développer une pointe de culpabilité que je soignais à coup de pédale sur mon vélo. L’ambivalence dans toute sa splendeur.

J’ai été sauvé par mes amis chirurgiens et leurs boutades légendaires. Le bras gauche du PU (tel qu’il se décrit) m’a offert une magnifique mise en abîme de tout ce cirque médiatico-environnemental. Tututututututu, le DECT/bip du boulot sonne. A cette heure ci, vu l’appelant, je me doute de qui m’attend :

« Salut, ça serait pour que tu vois ce patient « entre deux » rapidement, tu comprends, si on le renvoie chez lui pour le reconvoquer en consultation d’anesthésie le bilan carbone de l’intervention va vraiment être catastrophique !

–       Mouhahaha, ok j’arrive

–       Il est bien mon argument pour bobo hein ? merci. »

… à suivre …

9 réponses sur « Le gel douche, la pastèque et la mauvaise foi chirurgicale »

Hormi nos fréquentations qui différent, les chirurgiens étant sortis de ma vie depuis fort longtemps, nous réfléchissons sur les mêmes sujets. Et nos conclusions sont assez proches. Ca fait sur bien, ici les gens étant beaucoup de droite n’ont pas ces réflexions.
Il semble que nous ayions eu les mêmes lectures au départ (Copain des bois était ma bible mais je n’ai pas accroché à la Hulotte, j’y préférais Astrapi, plus de recettes de cuisine ultra-caloriques) ça explique peut-être…
J’ai hâte de lire la suite

Pour alimenter la réflexion : dans quelle voiture roule ce chirurgien? Un orthopédiste imbécile que je fréquentais roulait en grosse cylindrée en appuyant bien fort sur le champignon pour faire plein de bruit, le bilan carbone de ses interventions devait être assez élevé 😉

hello !

sans vouloir amplifier la langue de bois je n’arrive pas trop à réfléchir en thème de droite/gauche. malheureusement c’est polarisé ainsi et les politiques se doivent d’être fidèles à leur camp sinon c’est le foutoir. J’ai compris ça en faisant beaucoup d’associatif à la fac, on ne peut pas réunir avec succès des gens affiliés à des idéologies différentes.

La hulotte me fascinait mais c’est vrai, le discours était beaucoup trop pointu, je préférais le journal de mickey et Astrapi me faisait bien kiffer aussi mais c’était plus tôt dans l’histoire. j’ai retrouvé mon vieux copains des bois, photo à suivre si le tombe pas en miette lorsque je vais le sortir de son coffre-souvenir

Quant au chirurgien, il est bien bourru comme il faut pour un viscéral mais il disait franchement ça au second degré. Il roule en moto.

Cette phrase ou définition : « Vous savez comment on les appelle les écolos à la Mairie ? Les pastèques ! vert dehors, très rouge dedans et plein de pépins ! » est parfaite pour décrire les « Grüne » depuis les années 1990. Dans les années 2010, elle rougissent de plus en plus, au point que le vert faiblisse et les discours sur l’environnement deviennent une cacophonie…..

D’ailleurs du discours nous roulons qu’à vélo (les années 1980), ils circulent en grosses cylindré dans les années 1990.

Je pense que que la conscience sur la protection de l’environnement est chez le citoyen et non chez les partis politiques (n’importe quelle orientation).

Bonne journée

Bon sang, la Hulotte!
J’avais oublié. J’ai dévoré ça un temps. Mais il me semblait que c’était plutôt au primaire… Ma mémoire me jouerait-elle des tours? Y’avait les « BTJ », aussi, à l’école… Et les p’tits livrets format micropoche qu’on pouvait découper-coller (quel nom, déjà?!).
Moi, c’est le « bio » qui me défrise les poils du fondement. J’arrête pas du coup de dire que le blood-patch, c’est bio. Ai-je tort, tu crois?

J’attend la suite!

Ah oui le blood patch c’est bio ! Il ne faut surtout pas d’additif et c’est direct du producteur au consommateur !

la bisette

PS j’ai bien en stock un billet qui paraphrase un rapport mais pas motivé… finalement le bio c’est surtout bénéfique pour l’agriculteur : moins d’exposant pour lui à des doses trop importantes de toxiques et probablement plus rentable pour le porte monnaie quand il arrive à bien valoriser son produit. Après je pense pas que la qualité nutritionnelle soit exacerbée. Ensuite l’argument de proximité économique avec le bénéfice écologique est au coeur du débat généré par ce billet

Ben moi j’ai fait mon savon, à la pastèque……il ne vient pas d’Alep, à moto carburant à l’éthanol, conduit par un biker chirurgien qui lit Pif et Hercule et la Hulotte mais par contre qui vote Joly 🙂

j’ai un peu édulcoré mais j’ai vraiment fait mon savon

Enzo

Le pain d’Alep est un pain surgras traditionnel souvent de très bonne facture. Pour ma part, je m’en sers entre chaque patient car il est bien mieux toléré (pour moi) que les surgras de La Roche Posay ou d’Avene (qui sont pourtant dans les mieux du « marché »).

Du point de vue cosmétique, en particulier, je trouve le bio abominable.

La plupart des allergènes et des irritants sont d’origine « naturelle », certains ne le sont pas. Les fabricants de produits bio s’échinent à utiliser des conservateurs non listés « naturels » et des « parfums » de même car du coup ils écrivent sur l’étiquette que leur produit est sans parfum et sans conservateur. C’est légalement vrai mais techniquement faux : le produit doit se conserver dans le temps donc il lui faut un moyen de conservation et il a une odeur donc un parfum.

Seulement si votre parfum et votre conservateur ne font pas partie de la liste des produits testés et reconnus, à mention obligatoire, comme ayant ces effets là vous pouvez négliger de les indiquer : résultat vous vendez un produit avec des composants dont nous ne savons rien de l’innocuité ou de la dangerosité et on va vous vendre que parce que c’est « bio », ça ne peut pas être grave… Les tremblements de terre, c’est pas bio ça?

Bref, le pain d’Alep dont la recette est à peu près stable dans le temps et dont les effets sont en général bons pour la peau me semble effectivement un bon compromis.

Je crois que les fabricants en indiquant sans parfum sous entendent « sans parfun de synthèse ». Le parfum, l’odeur que l’on retouve dans les savons « bio » sont souvent, en fait, des huiles essentielles (HE). Et c’est vrai que les HE, aussi naturelles soient-elles, peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes.

Mais ce n’est pas mieux chez les gros fabricants de savon indus. Le Lauryl Sulfat, seul, est peut être « inerte »‘ mais couplé à d’autres substances, peut être provoque-t-il une réaction chez Mme X qui souhaite avoir sa peau toute douce 🙂

Le savon d’Alep est effectivement à la mode…le vrai ,ok, semble être un très bon produit (qu’il faut quand même tester) …attention quand même aux contrefaçons.

Enzo

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