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Les seuils selon IRONUMAN

Ce matin, YouTube m’a poussé devant les yeux la dernière vidéo de Tristan P. alias IRONUMAN (CAPS LOCK POWERED). Je m’apprêtais à faire mon échauffement avec quelques petits extraits d’Underscore_, à la cool,  mais là le thème était trop attirant. Click bait ! Et ben c’était super cool, la vidéo m’a tellement excité que ma séance est passée toute seule ahahah !

Alors voilà ce que j’aimerais discuter avec Tristan P…

Cher Tristan,

d’après ce que j’ai compris vous accordez de l’importance au fond et à la forme dans votre profession de YouTuber. Je vais commencer par quelques points sur la forme. Tout d’abord, je pense que l’orthographe a encore un rôle à jouer, pourquoi ne pas apporter un peu plus d’attention à ce que vous écrivez dans une vidéo ? D’autant plus que c’est compliqué à corriger après publication. Ensuite, à titre personnel, je pense que la musique (d’ascenseur) dessert votre propos. Le sujet est intéressant, parfois compliqué, pourquoi brouiller le cerveau avec un bruit de fond ? Idem pour le montage, les propos saccadés à cause d’un montage abrupt, font sauter le cheminement mental. Je pense que ça n’est pas grave s’il y a quelques reformulations, redites, etc, ça fait partie des techniques (naturelles) pour faire passer un message. Trop formater peut embrouiller, les sujet techniques gagneraient en fluidité avec plus de plans séquences explicatifs. De même, si vous montrez un graphique issu d’un article, peut être que ça vaut le coup d’y passer un peu de temps plutôt que de le claquer sous forme d’un biais d’autorité.

Sur le fond, je suis d’accord avec vous que la continuité est omniprésente dans les processus biologiques. Même la mort prend un peu de temps ahahah. Du coup, je suis synchro avec votre message de ne pas se crisper autour d’une puissance clé à 5 watts près.

Au bémol que des sujets peu entraînés ont « des zones »/ »des domaines d’intensité » très compressées, à l’opposé des profils lactiques des pros que vous avez montrés. Regardons donc comment se comporte un sujet désentraîné, sédentaire, et un athlète qui ressemble à un amateur. Du coup, pour un sédentaire, entre marcher et marcher vite, la différence est palpable et le coût énergétique bien différent. Du coup, pour un athlète amateur, ça vaut quand même la peine de se contrôler (avec des repères comme vous dites) pour éviter de dériver trop facilement dans des domaines d’intensités. Certains pros se font aussi les avocats d’entraînements précis, et je pense que vous avez tous assez entendu Olav Alexander Bu sur le sujet dans les derniers mois. Il aurait été intéressant d’aller plus en détails sur les chiffres de lactatémie chez les pros dont vous avez parlé. J’aimerais bien savoir comment on trouve le chiffre de 2,5 mmol/L pour passer en domaine de haute intensité par exemple. Peut-être qu’il y a eu une rupture de pattern quelque part ahaha ? 😉

Ensuite sur la terminologie, je pense que vous pouviez désamorcer le sujet en abordant l’histoire des explorations physiologiques et pas en éludant le concept de seuil ventilatoire. Il y a bien des ruptures de pattern dans les échanges gazeux et je pense que c’est ce qui a déclenché historiquement la terminologie non ? Voulez vous mettre Wassermann à la poubelle ? En tout cas, en médecine, c’est plutôt utile !

A propos de la mesure de la lactatémie, je trouve dommage ne pas trouver votre analyse personnelle sur le sujet. Si je fais un parallèle avec la mesure de la glycémie interstitielle en continu, je porterais au firmament cet outil. J’adore les propos théoriques sur le sujet le marketing autour du produit. Mais, j’ai essayé de mesurer ma glycémie en continu bien avant que SuperSapiens ne sorte en 2015, puis j’ai essayé SuperSapiens. Ma conclusion est sans appel aujourd’hui. Avec tout ce que j’ai essayé, je ne peux pas tirer quelque chose de pratique de ce lecteur. Not actionable. Ça n’est pas pareil avec mon Lactate Pro 2. Les principaux enseignements que j’ai pu en tirer c’est la possibilité de s’entraîner un chouïa plus intensément en endurance et l’énorme consommation énergétique que représente la partie natation d’une épreuve de triathlon pour moi qui n’ait pas de passé natatoire.  Actionable.

Vous citez Lionel Sanders que j’adore pour jouer avec du biais de confirmation. J’adore LS, je m’entraîne face à un poster de lui. Je n’ai fait ça avec aucun autre athlète c’est dire si j’aime certaines choses qu’il représente. Mais je vois aussi qu’il a une carrière professionnelle erratique avec des stratégies d’entrainement complètement bizarres. Alors, tenter de copier les norvégiens, ça n’était qu’une nouvelle mode malheureusement. Vous savez comme moi qu’il n’y a pas de recette magique, pas d’entrainement breakthrough, une clé de l’épanouissement sportif dans l’entrainement est de trouver l’équilibre réussi entre l’athlète et son environnement. C’est là où les meilleurs coaches brillent à mon avis. Leur capacité à individualiser et à mettre en confiance les athlètes est primordiale. (De même ça n’est pas en copiant les protocoles norvégiens décrits par Marius Bakken, avez vous lu ça ?, que j’ai retrouvé la forme à pied ahahah !)

Bref, d’accord pour discuter la terminologie, d’accord pour donner un peu plus de souplesse dans la prescription des entraînements (par ex Brett Sutton verse là dedans d’après ce que j’avais compris) mais j’apprécierais qu’il y ait un peu plus de granularité dans vos propos. Vous ne voulez pas d’une physiologie clear cut, alors pourquoi présenter façon clear cut en étant focalisé sur la lactatémie ? Il y a une myriade d’autres processus pendant un effort, et certains subissent des accélérations très franches telle la glycolyse. Peut être que si on prend une vision centrée sur les substrats énergétiques on verrait le monde cellulaire un peu différemment (béta oxydation qui diminue drastiquement, glycolyse qui « explose » etc.)… A bientôt pour la dissection des articles de Mader sur le sujet (c’est pas de la tarte) !

P.S. mon propos ne relève en rien de celui d’un hater, mais d’un passionné qui a envie de nourrir la contradiction que vous encouragez d’ailleurs régulièrement dans vos vidéos. Votre associé Nico peut témoigner de ma politesse dans nos échanges passés.

PPS je n’encourage personne à acheter un Lactate Pro 2, je dis juste que c’est possible d’y trouver un intérêt, dès lors je ne comprends pas qu’il y ait une forme de diatribe contre un indicateur qui n’en est qu’un parmi d’autres…

2 réponses sur « Les seuils selon IRONUMAN »

J’aimerai bien avoir une réponse à mon interrogation. Comme Tristan l’a cité, le « lobbying » du lactate ne tient pas forcément sur une base très stable si l’on se penche d’avantage sur les processus physiologique. Néanmoins, même si je dirais qu’à niveau amateur, les « seuils » se trouvent pas très loin des calculs de % de PMA, FTP etc…(moins précis je l’accorde mais la pomme ne tombe pas si loin du pommier pour ma part), chez les filles (j’en ai 2 à l’entraînement), étant donné une PMA plus basse, leurs SL1 et 2 ne seraient ils pas plus haut que x% de PMA ?
Ceci étant pour savoir si l’investissement d’un testeur de lactate en vaut autant le coup. En espérant avoir une réponse entre passionné !
Bonne journée .
Hugo

bonjour, je ne comprends pas vos interrogations. Vous ne croyez pas à l’utilité de la mesure du lactate car IRONUMAN vous a convaincu mais vous vous posez quand même la question de son utilisation pour définir individuellement des zones d’entrainement c’est ça ?

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