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La souplesse métabolique

Fantasme éculé, le summer body. On veut brûler du gras pour instacrâner. Mais injustice divine : moins t’es fit moins tu brûles du gras. C’est la raideur métabolique, traduction foireuse de metabolic inflexibility.

Ceci est très bien montré dans cet article que j’aime beaucoup de George Brooks (king of lactate) et Iñigo San Millan.

Ils ont étudié en épreuve d’effort métabolique trois populations : des cyclistes du circuit Pro Tour (niveau pour participer au Tour de France par exemple), des cyclistes amateurs de niveau correct (genre quadra actif)  et des sujets atteint de diabète de type 2 ou syndrome métabolique.

En analysant les échanges gazeux, on peut estimer l’oxydation de gras et l’oxydation de glucose. En parallèle, ils ont dosé la lactatémie au fil de l’effort.

Première observation : plus le sujet est athlétique, plus il est capable d’oxyder une grande quantité de gras. Et plus il est athlétique, plus il va brûler de gras pour une même puissance.

Deuxième observation clé, moins le sujet est athlétique, plus sa lactatémie va être élevée dès le moindre effort.

A : cyclistes pro, B amateurs, C sd métabolique

Sachant que le lactate inhibe l’oxydation du gras (dérivé Malonyl-CoA inhibe CPT qui transporte acides gras libres dans la mitochondrie, inhibition de la lipolyse par activation du récepteur GPR81 et impact aussi sur les triglycérides intramusculaires via TGF-ß1) les auteurs de l’article ont tracé la corrélation entre lactatémie et oxydation de gras et ils observent une belle corrélation inverse bien musclée si j’ose dire.

A la lecture de l’article j’en conclue qu’il est d’autant plus intéressant de faire de l’endurance très modérée pour stimuler l’oxydation des acides gras. Dès lors qu’on passe 2 mmol/L de lactatémie, la mitochondrie brûle préférentiellement du glucose et après 4 mmol/L il n’y a plus de gras consommé quelque soit le niveau athlétique.

Ca va être coton de réhabiliter des sujets atteints d’un syndrome métabolique parce que dès le moindre effort, le lactate s’envole. Peut être que la compréhension de cette situation nourrira la compréhension de la difficulté à « réathlétiser » des sédentaires.

Pour le sportif désireux de progresser, une analyse est que la zone de travail juste en dessous de 2 mmol/L de lactatémie correspond souvent grosso modo à la zone où l’on brûle le plus de graisse. Dans d’autres études on trouve en moyenne que cette zone se situe à 63% de VO2max chez des sujets entraînés. On serait dans ce que beaucoup appellent « zone 2 » (mais il faut se méfier de ses appellations tant il y a de zones que de méthodes). En gros on est dans un travail d’endurance soutenu. On peut s’entrainer longtemps à cette allure. Elle est gérable mais demande un effort plus important que le footing très cool dit de récupération. On peut estimer que cette zone de travail donne une intensité de 4/10-13/20 sur une échelle d’auto évaluation (RPE/Borg). C’est dans cette zone que les mitochondries sont au taquet pour faire tourner le cycle de Krebs. Le métabolisme aérobie carbure à plein tube pour oxyder gras, sucre et lactate. Oui oui, lactate compris. Il y a en effet un continuum dans le métabolisme et la glycolyse produit toujours du lactate. C’est lorsque les capacités d’oxydation de celui ci sont dépassées que la lactatémie monte. (Avec également saturation du métabolisme hépatique de néoglucogénèse/Cycle de Cori).

Ainsi travailler dans cette zone serait la pierre angulaire de base du développement de l’endurance. Une bonne façon de la bosser en tout cas. C’est à ce niveau d’intensité qu’il y a un maximum de recyclage du lactate (lactate shuttling) et donc stimulation des voies biochimiques ad hoc.

Si le stimulus de l’activité physique permet la croissance en nombre et en volume des mitochondries, ainsi que l’optimisation de leur machinerie enzymatique, l’endurance progresse. Cela se traduit souvent par une augmentation du fameux VO2max. Mais aussi par une meilleure capacité à métaboliser le lactate (donc une moindre lactatémie pour le même travail mécanique absolu -ex même puissance sur le vélo-) et avec moins de lactate il y a de grande chance qu’on brûle plus de gras. Le cercle vertueux de l’endurance.

PS les scientifiques du sport et de la physiologie de l’effort sont ils les myologues qu’il nous manque en médecine pour appréhender les pathologies métaboliques ?

2 réponses sur « La souplesse métabolique »

Bonjour,
Vôtre article est très bien fait !
Je vous remercie !
Est-ce que vous connaissez des articles qui mettent en évidence entraînement à Fatmax et développement de la fonction mitochondriale ?

bonjour et merci, pas spontanément non… je pense que Fatmax est un peu bas comme intensité, ou alors il faut 20 heures par semaine…
Plus haut en endurance au premier seuil ventilatoire ou juste avant serait peut être plus rentable mais je ne dis ça qu’en paraphrasant Inigo San Millan dans ses podcasts, je n’ai pas d’article en tête

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