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Explications de mon propos sur la PPG

J’ai envie d’étoffer mon propos sur la PPG. Mon texte était un poil provocateur mâtiné d’une ou deux hyperboles mais je redis que je base tout ce que j’ai écrit sur mon expérience et mon ressenti. Je vais cibler mes explications sur la musculation, notamment celle au poids de corps et le gainage, c’est la PPG que j’estime « classique » dans le monde de la course à pied. (Parce que l’électrostimulation, hein, franchement…)

Par ailleurs, je comprends que l’on puisse aimer se défouler dans une salle de Crossfit, de musculation ou de fitness. Moi aussi j’ai trouvé ça marrant à l’occasion. Je comprends aussi que l’esthétique corporelle puisse être un élément motivant la pratique d’exercices de PPG. Mais, j’ai envie de bien cibler mon propos sur la PPG pour la course à pied. Moi c’est comme ça que je l’avais abordé il y a quelques années.

Je n’ai pas dit ou écrit dans mon texte que la PPG était une hérésie qu’il fallait interdire. Montrez-moi, chers amis, où est-ce que j’ai écrit dans cette chronique de Jogging Bonito que je vous exhortais à arrêter ? Je rappelle que les « conseils sont morts » 😉

L’idée de mon texte est double : alerter sur le mimétisme et valider ses pratiques par un peu de rationnalité. La PPG est pour moi un thème classique de la préparation en course à pied. Nous en entendons tous parler dès lors que l’on va plus loin dans la recherche d’information que le super-casual jogger . J’en ai fait parce qu’à force d’entendre ou voir des gens en faire, j’avais l’impression que cette pratique gymnique était vraiment un incontournable de la course à pied.

Mais quand je creuse le sujet, je pense que c’est une habitude, une routine ou une tradition plus que quelque chose de fondamentalement utile pour courir. Je pense que nous la voyons trop, elle remplit des magazines, des pages web et Instagram, mais est-ce qu’elle nous sert vraiment cette PPG ? Plus on répète une information, plus on a l’impression que c’est une vérité. Il y a t il quelque chose de solide derrière tout ça ?

Du niveau amateur cool aux meilleurs, des coaches proposent beaucoup de PPG, d’autres pas. Mêmes parmi des coureurs d’élite, il y a en beaucoup qui ne pratiquent pas de PPG, ou alors un volume vraiment très faible au regard de leur pratique de champion, surtout mis en perspective avec le volume d’entrainement à pied. Ça pose question, pourquoi des entraîneurs ne propose pas de PPG ?

J’ai aussi cherché des articles scientifiques sur le sujet. Les sciences du sport ont le vent en poupe, j’espérais bien trouver des biscuits. Matthieu m’a proposé cette lecture dans son commentaire du billet « non à la pépégé » :

Sports Med. 2014 Jun;44(6):845-65. doi: 10.1007/s40279-014-0157-y.
The effect of strength training on performance in endurance athletes.
Beattie K1, Kenny IC, Lyons M, Carson BP.Abstract
BACKGROUND:
Economy, velocity/power at maximal oxygen uptake ([Formula: see text]) and endurance-specific muscle power tests (i.e. maximal anaerobic running velocity; vMART), are now thought to be the best performance predictors in elite endurance athletes. In addition to cardiovascular function, these key performance indicators are believed to be partly dictated by the neuromuscular system. One technique to improve neuromuscular efficiency in athletes is through strength training.
OBJECTIVE:
The aim of this systematic review was to search the body of scientific literature for original research investigating the effect of strength training on performance indicators in well-trained endurance athletes-specifically economy, [Formula: see text] and muscle power (vMART).
METHODS:
A search was performed using the MEDLINE, PubMed, ScienceDirect, SPORTDiscus and Web of Science search engines. Twenty-six studies met the inclusion criteria (athletes had to be trained endurance athletes with ≥6 months endurance training, training ≥6 h per week OR [Formula: see text] ≥50 mL/min/kg, the strength interventions had to be ≥5 weeks in duration, and control groups used). All studies were reviewed using the PEDro scale.
RESULTS:
The results showed that strength training improved time-trial performance, economy, [Formula: see text] and vMART in competitive endurance athletes.
CONCLUSION:
The present research available supports the addition of strength training in an endurance athlete’s programme for improved economy, [Formula: see text], muscle power and performance. However, it is evident that further research is needed. Future investigations should include valid strength assessments (i.e. squats, jump squats, drop jumps) through a range of velocities (maximal-strength ↔ strength-speed ↔ speed-strength ↔ reactive-strength), and administer appropriate strength programmes (exercise, load and velocity prescription) over a long-term intervention period (>6 months) for optimal transfer to performance.
PMID:24532151
J’ai lu l’article. Ces papiers sur la préparation physique hors sport d’endurance se ressemblent. Selon moi, il y a encore ici plusieurs écueils:
  • C’est une méta-analyses, c’est à dire un article scientifique qui collige d’autres travaux pour essayer de dégager une tendance d’une grande question. Les méta-analyses sont souvent piégeuses à lire.
  • Ce travail regroupe de la préparation physique en vélo, course à pied, triathlon et ski de fond. Moi, ça ne me convient guère car je trouve qu’un sport n’est pas un autre même s’il y a des compétences similaires.
  • Cette méta-analyse s’intéresse à des sportifs déjà entrainés qui font plus de six heures de sport par semaine. Je pense que la majorité des coureurs font moins de six heures de course à pied par semaine.
  • Selon leur propre système d’évaluation des études scientifiques, les études inclusent dans cette méta-analyse ont un score PEDro entre 5 et 6 sur 10. Ce qui est qualitativement acceptable, sans plus.
  • Ici il y a donc 8 petites études qui étudient la PPG en course à pied
    • Problème, tous ces travaux ont des effectifs ridicules, inférieurs à 30 sujets ! Les stats sont possibles mais transposer ça à au plus grand nombre me parait piégeux.
    • Le travail demandé me parait bien plus costaud et/ou régulier que ce que j’observe parmi les coureurs de mon entourage. Dans les études, il s’agit souvent de protocole de 8 à 12 semaines avec deux séances très bien codifiées de travail. Autour de moi, je ne vois personne avoir ce niveau d’investissement dans la PPG ! même parmi des triathlètes qui ont une tendance naturelle à en faire toujours plus !
    • Parmi ces 8 études, il n’y en a que 3 qui s’intéressent au chronomètre. Les autres évaluent des capacités athlétiques justement entraînées par la PPG comme des sauts par exemple
    • Lorsque les études de course à pied s’intéressent au chronomètre, c’est toujours sur des courses « courtes » genre 3 km ou 5 km, des exercices qui demandent beaucoup de puissance maintenue un court laps de temps.
    • Ces études s’intéressent toujours à l’économie de course, un truc de laboratoire ! très compliqué de mesurer ça sur le terrain en compétition !

Ensuite, je vous entends, chers camarades, moi j’ai eu ça, depuis la PPG ça va mieux ! ok certes. Mais il s’agit de cas isolés sans intérêt statistique pour comprendre l’intérêt de la PPG dans une population et puis, sans mesures, les comparaisons sont difficiles.

Autre point de discussion, mon pote Emir m’a aussi répondu dans le fil de discussion du club Strava de Jogging Bonito que même si c’était juste une mode, pourquoi la dévaloriser pour le simple fait d’être une sorte de rite communautaire ? Parce que je pense que tout ça est évitable ! Et si on récupère le temps et l’énergie que l’on passe à faire des choses peu utiles, on peut vraisemblablement le redistribuer pour autre chose. La plus simple : se reposer !

Enfin, il y a des doutes quant à la possibilité d’interférences dans les signaux biologiques qui génèrent des adaptations. Je m’explique. Lorsque vous faites de longues sorties à la cool comme vous les a vantées David dans sa dernière chronique, des messages chimiques sont produits, pouvant par exemple influencer l’expression de certains gènes facilitant certaines voies métaboliques par exemple. In fine, vous courrez mieux, vous êtes plus endurant. (Souvenez-vous de vos premières sorties CAP, regardez la différence avec ce que vous avez fait de mieux). Lorsqu’on fait du travail de force, de musculation, les messages chimiques sont différents, et pourraient même interférer, être opposés à ceux qui promeuvent les qualités d’endurance.

Nous croulons sous l’information. Il est très compliqué de surnager dans la soupe d’avis et d’idées qui nous entoure. Le rapport signal/bruit se dégrade. Jogging Bonito vous sauve en vous donnant une analyse claire, objective et documentée. Faites nous confiance 😉

4 réponses sur « Explications de mon propos sur la PPG »

Merci pour ce complément.
Pas indispensable, pas inutile, et surtout selon la pratique et le passé sportif, tous n’en tireront pas les mêmes bénéfices.
Tu as des athlètes élites qui disent ne pas du tout pratiquer de PPG ?
Pour les interférences, c’est justement pour cela qu’il ne faut pas effectuer la PPG avant ou après la course à pied, mais sur une séance dédiées.

Pour les athlètes d’élite, c’est dans le papier que tu m’as donné !

« Traditionally, for unknown reasons, endurance athletes have been cautious to strength train. In fact, research investigating the training characteristics of runners competing in the 2008 US Olympic Marathon trials found that they ‘‘included little strength training in their training programmes … and nearly half the runners did no strength training at all’’ [10]. »

Je suis plus d’accord avec toi après tes explications et je continue ma ppg en sus de ma cap (programme revu) dans mes préventions de crampe.
Mes modif de programme c’est du volume de cap, une seule séance facultative vma, tout en barefoot sauf la vma et du stepper, du tapis avec dénivelé, du Velo en danseuse etc.
Dans mon cas j’en suis content. Un marathon finit sans crampes et deux à venir.

Ton idée d’un métabolisme qui s’adapte à l’endurance me convient bien.

Jamais de PPG pour moi mais j’aurais peut être du pour The Spine car j’avais très mal aux épaules à cause du sac à dos de 10 kilo à porter pendant 56 heures.

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