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Le sport et les vitamines

Le sportif recherche la performance.

Tout ce qui peut l’aider à travers son entraînement, sa préparation mentale et son alimentation l’intéresse.

De nombreux sportifs prennent des compléments alimentaires plus ou moins dosés (parfois à des doses infinitésimales avec un but purement marketing comme dans les gels dits « Anti-Oxydant », laissez moi rire) à des prix souvent élevés surtout quand on calcule le ratio prix au mg de vitamine.

On imagine, que l’augmentation de l’activité physique implique une augmentation des besoins en vitamines et en oligo-éléments parce que l’on stresse son organisme.

De plus la dépense énergétique, l’oxydation massive de glucose génère une avalanche de radicaux libres, souvent montrés du doigt dans le vieillissement.

Je pensais ça, je me disais bon ok plein de sport mais damned ça me faire bouffer plus et me vieillir prématurément : je ne suis pas d’accord (je suis un grand angoissé et j’ai plein de trucs à faire donc je rêve d’une longue et active vie 😉 ) comme je vous l’ai écrit ce matin je prends donc régulièrement des compléments. (Les rats nous laissaient déjà suggérer le contraire).

Mais, aujourd’hui, je suis dans la confusion.

Une présentation à un congrès de la société européenne de nutrition entérale et parentérale a changé radicalement ma vision des choses et m’a ouvert à toute une nouvelle littérature en recherche fondamentale et clinique.

Une équipe allemande me donne envie de donner un grand coup de pied dans mes boîtes de gélules (sauf les oméga-3 bien sûr). Ces chercheurs spécialisés dans le vieillissement partent du constat bien expliqué dans la littérature que le sport est bénéfique car il prévient notamment le diabète et la résistance à l’insuline en général. Ceci non seulement en diminuant le surpoids mais en déclenchant des méchanismes spécifiques de sensibilisation à l’insuline.

Un article dans une revue tout ce qu’il y a de plus reconnu et de sérieux me bouleverse.

Ces chercheurs posent l’hypothèse que la sensibilisation à l’insuline (et donc l’effet bénéfique sur la santé) passe par la génération de radicaux libres, et qu’on contraire, un effet ponctuel/transitoire est donc bénéfique pour l’organisme. En donnant des antioxydants, on pourrait bloquer ces bénéfices.

Ainsi ils  ont travaillé avec deux groupes de jeunes sujets : des sujets non entraînés (20) et d’autres plus entraînés (20) (6+ heures de sport par semaine, VO2 max moyenne 54 ml/kg).  Ces sujets ont soit reçu de la vitamine C (500 mg) et de la vitamine E (400 UI) le matin, soit un placébo. Ils ont ensuite tous été entraînés : sur 4 semaines, 5 jours d’affilée, 20 minutes de vélo ou footing, 45 minutes de tours de pistes et 20 minutes de périodes de transition (échauffement et diminution de cadence à la fin), bref pas de la gnognotte.

Et bien la conclusion est que la prise d’antioxydants diminuent bien les marqueurs du stress oxydants mais aussi et surtout diminue la sensibilité à l’insuline qui est l’un des meilleurs effets bénéfiques de l’activité physique.

Les sagittaires aiment bien faire le grand écart dans leurs idées et comme il parait qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, je vous donne en scoop ma décision de diminuer certains compléments 😉 Par contre je conserve ma boisson avec mes acides aminés ramifiés 😉

take care.

PS, je vous conseille ce bouquin, il est très intéressant et sérieux (contrairement à ce que laisse suggérer sa couverture)

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Les compléments alimentaires, billet introductif

UPDATE FEV 2013 : ma position a évolué, lire ici

Est-ce que je prends des compléments alimentaires ? Oui. Est-ce que c’est une attitude rationelle ? Je ne sais pas. Est-ce qu’il y a des arguments scientifiques pour ? Un peu. Est-ce qu’il y a des arguments scientifiques contre ? Un peu beaucoup ;-). Il y a-t-il des recommandations médicales de sociétés savantes solides en faveur d’une prise de compléments alimentaires chez l’homme sain ? Clairement non.

EDIT avril 2011, encore une belle cohorte négative avec un résumé des essais dans la discussion : Multivitamin Use and the Risk of Mortality and Cancer Incidence The Multiethnic Cohort Study.

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Intérêts des oméga-3

Voici un résumé des intérêts retrouvés dans la littérature scientifique des oméga-3. Voir içi pour mon court billet sur le sujet.

Il s’agit d’une rapide traduction de cet article :

Summary of a workshop on n-3 fatty acids: current status of recommendations and future directions.

Akabas SRDeckelbaum RJ.

Institute of Human Nutrition, Columbia University, New York, NY 10032, USA. sa109@columbia.edu

Am J Clin Nutr. 2006 Jun;83(6 Suppl):1536S-1538S.

Grossesse

Consensus scientifique

  • Une consommation élevée d’huile de poissons est associée avec un terme optimal et pourrait réduire l’incidence des dépressions du post-partum
  • Les femmes bénéficient au mieux de 100 à 300 mg de DHA par jour

Recherche à poursuivre

  • Existe-t-il un risque de majoration du saignement en post-partum avec les oméga-3 ?
  • Réaliser des études dose/effet afin d’optimiser la posologie des oméga-3 pendant la grossesse
  • Impact de la supplémentation en oméga-3 sur les fonctions neuro-psychologiques et le taux d’infection chez les enfants

Pédiatrie

Consensus scientifique

  • Des apports élevés en EPA par rapport au DHA peut conduire à la diminution du taux de croissance
  • Un ration de 1,4:1 ou 2:1 de DHA par rapport l’acide arachidonique bénéficie aux enfants de petit poids en terme de développement cognitif et visuel.

Recherche à poursuivre

  • Le rôle de l’ALA est mal compris. En tout cas l’ALA se semble pa pouvoir se substituer au DHA
  • Nécessité d’études de dose/effet
  • Rôle de la DHA dans la prévention des pathologies auto-immunes et des allergies est mal connu

Pathologies cardio-vasculaires

Consensus scientifique

  • Baisse de la mortalité globale après l’apparition de pathologies cardio-vasculaires
  • Réduction de la mort subite et de l’arythmie dans les essais de prévention secondaire
  • Réduction du taux de triglycérides.
  • Augmente discrètement le taux de LDL sans augmentation cliniquement significative

Recherche à poursuivre

  • Etudes dose/effet
  • Certaines données issues d’essais cliniques de petite envergure suggèrent que le DHA seul est similaire ou supérieure à une combinaison d’EPA et de DHA; ces études devraient être reproduites dans des essais plus importants.
  • Une vaste étude sur les effets des oméga-3 dans la prévention primaire des maladies cardiovasculaires devrait être menée.

Psychiatrie

Consensus scientifique

  • L’association d’EPA et de DHA semble plus efficace que le DHA seul
  • Les oméga-3 sont de nature à améliorer les étatspsychotiques, agressifs et dépressifs chez les patients les plus sévères

Recherche à poursuivre

  • Les recommandations d’apports en oméga-3 dans les pathologies psychiatriques les plus lourdes doivent rester prudentes du fait d’une analyse incomplète des données
  • Des études dose/effet en prévention primaires font défaut

Vieillissement : démence et DMLA

Consensus scientifique

  • La consommation de poissons et de DHA sont protecteurs contre le déclin cognitif
  • La consommation de poisson et de DHA sont associés à un risque réduit de développer une maladie d’Alzheimer
  • Le DHA pourrait améliorer l’agressivité chez les patients atteints de démence
  • La consommation de poisson et d’ALA sont associés à une faible diminution du risque de DMLA

Recherche à poursuivre

  • Il manque des études dose/effet

Syndrome métabolique

Consensus scientifique

  • Pour améliorer la sensibilité à l’insuline, les oméga-3 sont plus utiles en préventif qu’en curatif.
  • EPA et DHA diminuent significativement l’hypertriglycéridémie
  • Les oméga-3 devraient être associés avec les autres interventions sur le mode de vie comme l’activité physique, le régime et les traitements médicamenteux.

Recherche à poursuivre

  • Etude dose/effet, d’autant plus qu’il semble exister une grande disparité de réponse interindividuelle
  • Une grande étude d’intervention primaire devrait être conduite.

Pathologies dysimmunitaires

Consensus scientifique

  • Dans la polyarthrite rhumatoïde, il existe un rôle bénéfique démontré de l’apport d’EPA et de DHA avec une réduction des doses d’AINS et des besoins en corticoïdes.
  • Les niveaux de preuves sont plus faibles dans la maladie de Crohn et le psoriasis, mais les oméga-3 pourrait augmenter les périodes de rémission dans la maladie de Crohn et diminuer les doses de corticoïdes dans ces deux pathologies
  • L’ALA n’est pas anti-inflammatoire à des doses inférieures à 10g/jour

Recherche à poursuivre

  • Il manque des études dose/effet notamment dans le cadre d’une prévention primaire.
  • Il existe un début de preuve pour un intérêt dans l’asthme infantile.
  • Il n’y a pas de preuve d’un intérêt ou des données contradictoires sur les apports en oméga-3 dans la rectocolite hémorragique, le lupus érythémateux disséminé ou l’asthme de l’adulte : d’autres études sont nécessaires.

Conclusion générale

Consensus scientifique

  • Les oméga-3 provenant de source marine (algue ou poisson) sont plus efficaces que ceux dérivés des végétaux.
  • La rentabilité de la conversion de l’ALA dérivé des plantes (huiles) vers l’EPA et le DHA dépend énormément de l’apport en oméga-6.

Recherche à poursuivre

  • Il n’est pas possible actuellement de faire des recommandations d’apport sur un seul acide gras oméga-3 par rapport à l’apport associant EPA et DHA
  • Des études dose/effet comparant EPA et DHA sont ainsi nécessaires
  • Il convient de déterminer dans les années à venir les différentes concentrations tissulaires en oméga-3 afin de mieux déterminer des cibles thérapeutiques. Les dosages plasmatiques constituent en effet un médiocre ersatz.
  • Les apports en oméga-6 influencent défavorablement la prise d’oméga-3 de part la concurrence qui existe entre ces deux familles d’acides gras dans les chaînes métaboliques.
  • Des politiques de santé publique poussant à consommer plus d’oméga-3 doivent être développées
  • Des recherches multidisciplinaires doivent être construites afin d’analyser dans le même temps des effets sur différentes cibles (ex système cardiovasculaire et neuro-psychologique)
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Les oméga-3

Les Oméga 3 : une brève introduction

Mais que sont les oméga-3 ? Marketing agro-alimentaire ? Aliments intéressants ?

Je vais essayer de faire une rapide synthèse dans un court billet.

Pour quoi ce nom ésotérique ? Il y a-t-il un alpha et un oméga alimentaire ? Il s’agit d’une dénomination dérivée de la structure biochimique de cette sorte de lipide qui indique qu’il existe une double liaison carbone trois carbones avant la fin de la chaîne structurelle de ce lipide.

Le mot est lâché, les oméga-3 c’est du gras ! Lipide=gras. Le Mac-Carthysme anti-gras-très-méchant-qui-fait-grossir aurait mieux fait de s’occuper des tonnes de sucres que nous ingurgitons (et qui finissent par être transformé et stocké sous forme de gras) plutôt que crier haro sur le bout de gras.

En fait cette famille est constituée de trois lipides dont les noms abrégés (en anglais) sont ALA, DHA et EPA. On trouve l’ALA dans certains végétaux, dans notre alimentation cela se traduit par une présence dans quelques huiles : lin, chanvre, noix et colza sont les exemples à retenir. Il n’y a pas de quantité significativement intéressante dans les margarines et les autres mélanges d’huile de cuisson type ISIO 4.

L’EPA et le DHA se trouvent eux préférentiellement dans les poissons gras aux premiers rangs desquels le maquereau et le hareng. Le saumon en contient également dans de plus faible quantités.

Pourquoi consommer des oméga-3 ? La réponse est simple et récurrente en matière de nutrition : on est constitué de ce que l’on mange, préférez-vous que votre rétine dispose de bons lipides pour se constituer ou vous contentez-vous des restes d’huile de palme qui dégoulinent des frites du MacDo ? Les oméga-3 participent à la construction de nos membranes cellulaires. Notre organisme puise au sein de ces membranes lorsqu’il a besoin de construire des petits messages chimiques à base de lipides. Ces deux notions sont le fondement de l’intérêt de la consommation des oméga-3.

Ainsi, une meilleure qualité de l’enveloppe de nos cellules, les rend plus aptes à faire passer les messages de l’extérieur vers l’intérieur, et aussi à se déformer correctement lorsque la situation le nécessite, les cellules sont ainsi « plus souples ».

Ensuite lorsque l’organisme pioche dans les membranes pour trouver ces petits messagers lipidiques, on sait que le message sera un peu différent s’il provient d’oméga-3. Les molécules ont ainsi des propriétés plutôt anti-inflammatoires. Ce phénomène est évidemment intéressant dans toutes les maladies chroniques où trop d’inflammation grignote petit à petit l’organisme.

Quelles quantités d’oméga-3 ? Les oméga-3 les plus intéressants pour nous sont l’EPA et le DHA. De plus l’organisme ne peut pas transformer correctement l’ALA en EPA et DHA. Donc haro sur les poissons gras ! Du poisson gras deux fois par semaine (youpi encore une excuse pour décompenser chez Sushi Shop !!), et utiliser préférentiellement l’huile de noix dans quelques vinaigrette apportera plus d’oméga 3 dans votre alimentation. J’ai aussi personnellement choisi l’huile « Fleur de colza » de Lesieur pour la cuisson, elle est moins chère que les huiles classiques et apporte plus d’oméga-3.

PS, quelques indices pour vos lectures en anglais : flax/lin seed = graines de lin, canola=colza, soy=soja

Bon appétit !

 

Update le 26 février 2011, une étude épidémiologique  sur le lien entre les oméga 3 et la longueur des télomères de patients coronariens. Association of Marine Omega-3 Fatty Acid Levels With Telomeric Aging in Patients With Coronary Heart Disease
Ramin Farzaneh-Far, MD; Jue Lin, PhD; Elissa S. Epel, PhD; William S. Harris, PhD; Elizabeth H. Blackburn, PhD; Mary A. Whooley, MD
JAMA. 2010;303(3):250-257.

Edit avril 2011 : Une belle étude sur la prévention de la dégénérescence maculaire liée à l’âge http://goo.gl/a2qP0