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Trois gardes

Trois gardes. Trois gardes en six jours, c’est trop. Je le sais bien mais souvent ça passe… Là quand les difficultés s’amoncellent sur les trois gardes, sur trois sites différents, la stature médicale se fissurent.

Au fil de la nuit le sentiment de ne pas avoir « LA » bonne idée est d’autant plus désagréable que l’on voit le patient se dégrader à vitesse grand-V. Les IDE rappellent dès que je quitte la chambre, je réexplique, impuissant, j’ai le sentiment depuis le début de la nuit que je ne pourrais rien pour ce patient mais il est jeune et tout le monde s’inquiète. Le lendemain matin, l’oeil du grand chef est difficile à encaisser. Vraisemblablement je quitte la garde en laissant un patient mourant.

Même en décrochant son téléphone, même avec la sympathie des collègues de galère nocturne, la sensation de solitude est bien là.

Alors voilà, je vais essayer de faire comme à chaque fois, me dire que j’ai fait les choses avec la meilleure intention possible, mais ça pèse. Dans quelques minutes, je vais regoûter à l’air du jour, à la vie. Appuyer sur les pédales de mon petit vélo vers ‘m baraque me reconnectera aux miens. J’espère qu’un peu de sommeil gommera le poids sur la poitrine.

4 réponses sur « Trois gardes »

Je ne pense pas que mon commentaire apaisera ton sentiment de solitude mais tant pis, il a le mérite d’être là. 3 gardes c’est beaucoup quand tout part en quenouille, à croire que des puissances supérieures ont décidé de tester tes capacités d’encaissement aux effets de la loi de Murphy, ou loi de l’emmerdement maximum.
Tu te sent isolé certes, car personne n’a vécu tes gardes à ta place, n’a ressenti ce que tu as ressenti pendant ces heures là…
Mais un médecin qui ressent encore cela montre bien qu’il est juste humain, seulement humain. Et c’est une qualité rare.
Kinésithérapiquement tien

Question bête : 3 gardes, ça signifie journée de travail enchainée avec une présence à l’hôpital en réserve et selon les besoins du service, avec restauration et nuitée sur place, enchainées non-stop ?
Si c’est le cas, je vous plains.

Attention au « burn-out ».
Cela me rappelle aussi qu’il faut que je revois mon dossier sur la notion d’hôpital …

bonjour,

dans mon service d’anesthésie nous avons nos repos de garde.

ca veut dire que je fais 24h puis je suis en repos et re24. On travaille toute la journée (je ne tape pas le carton en attendant le boulot, j’ai du boulot) puis on enchaine sur le travail nocturne. Et jeudi dernier en l’occurence, le travail a été bien intense dès l’arrivée en garde avec un patient en état de choc à intuber, à dialyser, etc. Puis le patient dont je parle à commencer à aller mal à partir de 22 heures quand j’ai fini de m’occuper du premier. Puis on a eu un transfert à 1h du mat d’un autre patient. Puis à 4h je suis allé faire le guignol en médecine pour organiser au pied levé un autre transfert en réa ailleurs dans la région par manque de place puis je suis revenu tourner autour du patient mourant sans rien pouvoir faire pour lui :/ Pendant ce temps il y a aussi 14 autres patients de réanimation…

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