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Devenir des étudiants après les ECN

Il y a quelque temps, @PUautomne a partagé un document sur les affectations des étudiants en médecine après les ECN 2011.

Il s’agit d’un document du D.R.E.E.S. (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). C’est assez facile à lire et ça nous apprend quelques trucs plutôt rassurant.

Les principales données sont les suivantes :

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Le bizuth omniscient…

… ou l’histoire du jokari (le truc qui revient toujours en pleine poire)

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La répart de garde des externes

Ah ! Mon exercice universitaire préféré ! J’en sors. J’adore.  Notre site de garde n’est pas très exigeant pour les étudiants, la preuve, parfois même ils disparaissent et on ne s’en rend pas compte tout de suite, c’est dire ! En fait le plus difficile dans ces gardes pour eux, c’est la répartition.

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Pascal et le Colonel Moutarde

On dort rarement bien en garde, surtout quand l’Externe a disparu.

Au réveil pas de miracle, pas de signes de vie de l’Externe. Les patients sont stables et les transmissions vite enchaînées. Je suis inquiet et il va falloir se décider à multiplier les pistes pour le trouver. On est samedi matin. Je décroche mon téléphone et recherche le numéro du Doyen fraîchement élu dans mes contacts. Gros coup de bol, les élections viennent juste de se dérouler et j’ai ce numéro improbable dans mes contacts. En effet j’ai été un peu sollicité dans le cadre de mon activité d’enseignement (conférences) et mes liens historiques avec notre corpo d’étudiants.

Je sais qu’il y a ce matin à la fac une réunion pédagogique. Lorsque je lui explique que nous avons perdu l’externe de garde, il est surpris, mais ne se démonte pas. Se doutant bien que je ne le dérangerai pas pour lui faire une petite blagounette (« ouais salut tu viens d’être piégé par Foune Radio, trop LOL ») il me prend au sérieux et l’un de ses premiers réflexes est de me dire qu’il va rapidement prévenir le légiste d’astreinte en cas de découverte macabre. Glauque non ? Ensuite les réflexes simples reprennent le dessus, il m’annonce qu’il ira vérifier son dossier à la scolarité car nos recherche dans les pages blanches et google n’ont rien donné. Je suis un piètre stalker. Il me rappelle.

Je tourne en rond dans mon petit bureau. Dring. Je note le numéro de téléphone. Je redégaine mon portable. Je compose le numéro de sa mère et lui raconte n’importe quoi :
 » – Bonjour Madame, je suis un copain de bidule, il devait me passer un cours vous pouvez lui dire de me rappeler SVP ?
– Pas de problème il devait venir manger chez moi ce midi, je lui transmets le mot.
– Merci beaucoup Madame. »
Je me dis alors que l’on tient là un tournant de notre affaire. S’il ne passe pas chez sa mère pour déjeuner un samedi midi, il se passerait alors vraiment quelque chose.

Je retourne à m’baraque, ne pouvant guère faire plus et j’ai l’impression de sortir de la Twilight Zone en quittant la vie nocturne de l’hôpital.

En début d’après-midi un numéro inconnu sur mon portable, je décroche, c’est l’Externe. Alléluia, pas de témoignage au poste, il va bien ! celui ci me raconte une histoire bizarroïde où il est sorti hier soir après le bloc avec l’interne et je ne sais par quelle circonvolution de pensée dadaïste il a décidé de retirer des sous.

En bon guignolo bien rôdé à la readiness attitude, well-preparedness et tout le toutim il se balade en blouse blanche, son portable collé sur l’oreille pour aller retirer du cash le vendredi soir au distributeur en face de la sortie de métro ! Il imaginait sans doute que j’allais lui facturer les trois grains de riz que j’avais préparé… Il m’a alors raconté qu’il s’est fait agresser, molester et piquer ses sous et son portable. Dans la panique, il a filé se cloîtrer chez lui sans prévenir personne ! Bon plutôt content qu’il soit vivant, je n’imagine même pas l’engueuler et je lui raconte tout de même brièvement tout ce qui s’est passé depuis la veille. Il ne s’est vraiment pas rendu compte de ce qu’il a fait…

Je préviens les agents de police de cette résurrection, ils me trouvent trop naïfs mais ils préfèrent aussi cette issue. Moi j’y crois car ça explique que l’on ait eu une première fois le répondeur puis ensuite le téléphone en dérangement (opposition ou destruction de la SIM ?)

Mon interne était complètement dingue quand je lui expliqué le dénouement.

Je n’ai jamais revu cet Externe…

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#cluedo

La garde commence comme d’habitude. Les horaires sont un peu flous. J’attends le médecin d’un service, puis de l’autre pour prendre les transmissions des soins intensifs post-opératoires (SIPO). Un jeune inconnu tourne en orbite autour de nous. Je l’invite a se présenter (grand défi pour les jeunes médecins de se présenter) et je lui indique que l’on finit les transmissions avant de rejoindre des collègues qui terminent un bloc programmé un peu long (il est 19h). On conclue le relais par des indications sur les patients les plus chauds des « étages ». Il y a toujours de quoi faire dans les étages, les internes en première ligne le savent bien… On arrive au bloc. Pas de gag, c’est long mais ça se passe bien. On nous annonce une autre urgence : une montée de sonde urétérale. C’est un peu curieux a cette heure ci, mais bon ça ne devrait pas nous poser beaucoup de difficultés. L’interne est expérimentée, elle connait la boutique. Je négocie avec les infirmières de bloc l’ouverture d’une salle supplémentaire pour enchaîner plus vite. Je prendrai en charge la salle supplémentaire avec l’externe. Pour les montées de sonde JJ une sédation bien gérée est largement suffisante  (surtout pour une dame) et a moindre risque pour le patient et pour nous. Malheureusement je suis encore novice dans ce bloc, alors je pars chercher dans le bloc voisin d’un étage le matériel d’anesthésie pour faire une sédation a objectif de concentration. Ça peut paraître compliqué et bizarre mais je préfère, surtout avec une personne âgée.

J’apprends deux trois trucs de base a l’externe, je lui explique son rôle et on y va. La patiente est installée, on démarre l’intervention. Tout se déroule conformément à nos attentes. Je jette un oeil a côté : tout se passe bien, le ventre se ferme et l’anesthésie passe en configuration réveil.

Notre patiente se réveille rapidement, merci le remifentanil, on l’amène dans la salle de réveil et je la confie à l’infirmière d’astreinte. L’interne d’anesthésie a réveillé sa patiente en même temps que nous et arrive quasiment en même temps que nous en SSPI. Parfait ! On va tous pouvoir aller manger. Important de manger dès qu’on peut en garde.  C’est un principe transmis par les vieux sages. J’annonce que je rapporte le dispositif d’anesthésie intra-veineuse dans l’autre bloc où je l’avais subtilisé et que j’en profiter pour ramener de l’autre service le repas que j’ai préparé pour la garde. On convient de se rejoindre dans l’office du département d’anesthésie. Je range le matériel, attrape le poulet au curry dans le frigo et débarque dans la cuisine. J’appelle notre collègue de réa qui rapplique assez vite. C’est un ultra des gardes, il connaît la musique, avec 12 à 15 gardes par mois il apprécie un repas alternatif ! L’interne d’anesthésie nous rejoint après son aérosol de nicotine. On dresse la table et je commence à faire réchauffer les plats. On s’interroge un peu sur l’absence de l’externe. Le ventre gargouillant, je remonte au deuxième étage au SIPO à la recherche de l’âme en peine. J’appelle son bip : rien. Ils ne le prennent jamais les bougres. Encore un étage pour remonter au bloc : pas là. Je redescends m’attendant à le retrouver avec mes collègues. Je demande à l’interne :

« – Tu sais ce qu’il fabrique l’externe ?

–   Non, j’sais pas il est descendu avec moi mais je l’ai perdu de vue lorsque je téléphonais en fumant ma clope

–    ??? »

Notre collègue affamé de réa démarre le festin, en se disant que l’on peut « toujours commencer en l’attendant, ça le fera venir… et puis ça va refroidir ! »

Résignés, on papote en dégustant le poulet au curry thaï. Je suis un grand adepte de l’amélioré en garde. C’est bon pour le moral et on gagne en convivialité. Pas toujours facile de préparer des trucs, mais là j’ai trouvé le temps de le faire, profitons en. On ne voit pas le temps passé et en sirotant le combo thé/café on se demande quand même où est-ce qu’il a bien pu se réfugier.

L’anesthésiste de garde en réa retourne veiller sur ses patients et on définit un plan pour retrouver l’Externe.

On se divise le travail en recherchant dans diverses chambres et bureaux médicaux. Je repasse au bloc, je visualise le fait d’avoir jeter les toxiques dans la poubelle. De mauvaises pensées traversent forcément l’esprit. Déformation professionnelle, on pense rapidement au pire. Je me balade seul à travers deux étages de blocs fermés, la nuit, c’est l’hiver et forcément, c’est glauque. Je retrouve mon interne au SIPO, elle s’est baladée dans beaucoup d’endroits, notamment dans les bureaux médicaux ou d’internes des différents services de chirurgie à la recherche d’un indice. On passe et on appelle dans toutes les ailes de l’hôpital sans succès. Il existe une partie désaffectée dans l’hôpital. L’été c’est plutôt sympa, ça permet de craphuter sur le toit de l’hosto en mangeant des pizze au soleil avec une vue panoramique sur les CHU et les environs. Bon là, je ne me sens plus trop dans mon rôle en m’imaginant fouiller les escaliers délabrés…

Allô la surveillante de garde, on a perdu l’externe. Oui oui ! on a perdu l’externe.  Rapide brainstorming : quel est son prénom déjà ? oups, gros malaise, on n’est même plus sûr de son identité. Il a prononcé du bout des lèvres à son arrivée et j’ai travaillé cinq minutes avec lui, je ne me souviens plus, la honte ! je pense à un nom mais j’hésite. On décide avec la surveillante de garde d’ouvrir le bureau universitaire afin de retrouver la liste de gardes des externes. Evidemment on ne la retrouvera pas. J’essaye de farfouiller sur les contacts Facebook des externes que je connais, un moment une suspicion sur une photo peu parlante… je laisse un message aux dirigeants de la Corpo que je connais encore, il me rappelle assez vite et me renvoie dans les 22 je me trompe de bonhomme. On a un ersatz de listing de tous les étudiants de l’hôpital, autant fouiller une aiguille dans une botte de foin. Gros malaise. Avec la surveillante, on est bien ennuyé et on se dit qu’il faut essayer de comprendre, surtout en imaginant le pire. Le gars avait l’air « normal » pas atypique, pas le genre à se brûler les bouts de sein à la bougie (Code Lisa Power) dans un pentacle… mais connaît-on les gens que l’on a croisé cinq minutes ? Allez, zou, appelle à la hiérarchie : Directeur de garde. Une disparition : facile ça relève de la Police Nationale, allez bon courage, bisou (©jaddo). On appelle en parallèle la sécurité de l’établissement et un veilleur de nuit viendra nous aider à chercher et à roder dans les services… C’est quand même moche, une garde qui démarrait bien, des patients cadrés aux SIPO, et bim le deus ex machina à l’envers : le bordel à cause d’un membre de l’équipe !

Le trio investigateur débarque vers minuit à l’accueil de nuit de l‘hôpital. Passons sur quelques aspects caricaturaux faciles… Je me présente un peu penaud au brigadier :

«             -Bonsoir, je suis le médecin anesthésiste de garde.

–   Enchanté, M Costaud, brigadier, bon qu’est-ce qui vous arrive ?

–   Ben, euh, comment dire… … … on a perdu notre étudiant de garde !

–    ???

–   ben oui on a fait un bloc bla bla bla et puis pouf plus d’étudiant

–   et vous êtes sûr que c’est un étudiant en Médecine ?

–   ben non

–   comment ça non ?

–   bla bla sur les gardes, le fonctionnement hospitalier, etc.

–   ok ok, bizarre la manière dont vous fonctionnez (peu rassuré sur l’hôpital)

–   mouais, c’est comme ça !

–    et rappelez moi son nom ?

–   euh ben j’sais plus…

–   ah ben bravo (hilare) »

On remonte au département d’anesthésie farfouiller dans le secrétariat universitaire. On fait les numéros de téléphone des externes les uns après les autres. Un nom me dit quand même quelque chose, je suis quasiment sûr que c’est lui. J’appelle, répondeur direct, pas de bol. J’essaye avec mon téléphone perso avec un numéro non masqué, idem. Je continue d’appeler les externes avec les policiers qui me regardent de travers. Je tombe sur des étudiants en soirée, complètement hilare, une autre complètement flippée, mais personne pour m’aider… Je rappelle le numéro qui appartient le plus probablement à notre Externe : ça sonne carrément en dérangement, bizarre.

Les policiers prennent ce nom sur lequel on a une suspicion, m’explique qu’ils vont essayer de trouver un numéro de téléphone fixe, un domicile, etc. Et m’invite à les rappeler si j’ai du nouveau. On a vraiment perdu notre Externe.

 

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