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OFA 101, conclusion

La nouvelle approche de l’OFA bouscule les dogmes qu’on nous enseigne. Cette technique permet de montrer qu’il est possible de se passer de morphino-synthétiques en per-opératoire. Les repères habituels sont modifiés par l’imprégnation des alpha2-agonistes avec globalement une meilleure stabilité hémodynamique. Il faut tenir compte de la potentialisation de chaque drogue afin d’éviter un surdosage et une sédation excessive en SSPI. Les constatations cliniques que je fais sont des patients moins algiques, consommant moins de morphine, sans NVPO, moins confus en SSPI et à J1. Le bénéfice de l’OFA est plus marqué pour les chirurgies majeures, longues, avec risque élevé de douleurs chroniques post-opératoires. Il existe également un bénéfice chez les patients avec antécédents de NVPO, opioïdes dépendants et toxicomanes. J’aurais donc tendance à cibler les indications et à ne pas en faire pour tous les patients. L’OFA est tout à fait compatible avec la chirurgie ambulatoire. Il me semble important d’aller voir ces patients en post-opératoire afin de se rendre compte du bénéfice et d’échanger avec les chirurgiens et les infirmières des services car ils constatent aussi une différence. L’OFA semble donc être une technique prometteuse. Toutefois, la littérature est pauvre sur le sujet. C’est une volonté de ma part de ne pas avoir mis de références bibliographiques car il n’existe pas à l’heure actuelle d’études avec un fort niveau de preuves. L’OFA pousse le concept d’épargne morphinique à l’extrême. Si l’épargne morphinique est prouvée, la suppression des opioïdes synthétiques reste à prouver. Pour le prouver, il faut se lancer et j’espère que cet article vous incitera à le faire.

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OFA 101, propositions de protocoles

Suite des explications sur l’OFA par Alexis. Il y a des choses que je fais différemment (des détails sur les posologies de kétamine ou de dexaméthasone, l’administration de magnésium). Vous trouverez ici un bon point de départ pour proposer une anesthésie sans ou avec très peu de morphiniques.

Rémi nfkb

 

Etant donné que cette technique anesthésique est nouvelle, nos confrères belges sont les précurseurs, il existe plusieurs façons de procéder. Au cours de mes échanges avec différentes références de l’OFA (De Kock, Mullier, Estebe), j’ai réalisé la synthèse suivante :

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OFA 101, comment se déroule une anesthésie générale sans morphinique ?

En OFA, on a besoin de quoi ?

Avant toute chose, l’OFA n’est pas un cocktail médicamenteux à l’exclusion de tout morphinique. Il convient d’insister que la suppression des morphinique concerne le temps per-opératoire. En post-opératoire et notamment en SSPI, on a parfois besoin d’une faible quantité de morphine mais à moindre dose par rapport à un protocole classique d’anesthésie avec morphinique. La nécessité d’une titration morphinique n’est donc nullement un échec de la technique OFA.

La plupart des drogues du protocole sont utilisées quotidiennement dans notre pratique:

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L’anesthésie sans morphinique : OFA

Alexis, interne d’anesthésie, m’a contacté pour faire une note sur l’anesthésie sans morphiniques. Je lui cède la parole :

Vous avez dit 0 opioïde ?!

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Ils sont forts ces belges ! (morphine : evil !)

Dans les blocs opératoires, on utilise tous les jours des drogues hyperpuissantes sans savoir ce que l’on fait, c’est LE drame de l’anesthésie. On se rassure en constatant rapidement un résultat. On met un hypnotique, le patient dort ; on administre un curare : le patient ne bouge plus. Le sujet délicat c’est la gestion de la douleur. Je mets dans les veines de mes patients des morphiniques mais clairement je ne sais pas ce que je fais. C’est inquiétant non ?

Durant mon premier semestre, j’étais perdu. Comme tout le monde, j’ai acheté un ou deux bouquins. On ne connait rien à cette spécialité mystérieuse avant de la pratiquer. Jamais pendant les études de médecine on nous explique l’anesthésie. Dans les manuels, je lis des posologies, et en pratique je vois mes seniors rigoler quand je leur demande la dose qu’il faut mettre : « qsp dodo ! » qu’ils me répondent. Bon, je ne vais pas aller loin avec ça… j’étais désemparé de constater que la pratique anesthésique était à mille lieux d’une discipline que j’aime beaucoup également : l’infectiologie. En matière de traitement anti-infectieux il y une posologie et une durée de traitement à respecter. Point-barre. En anesthésie, c’est l’anarchie.

L’autre truc que je ne comprenais jamais c’était la gestion des réadministrations des morphiniques et cette phrase : « pfiou qu’est-ce qu’il consomme celui là ! » aka « plus t’en mets plus faut en mettre ». Je ne comprenais pas. Aujourd’hui je comprends à peine plus. Les morphiniques sont des drogues hyper compliquées à gérer. Tellement que certains services d’anesthésie belges les utilisent de moins en moins ! (Finalement ce sont nos vieux patrons de chirurgie qui luttaient contre les administrations de morphine en post-op qui avaient raison ! )

Aujourd’hui je me bagarre dans les blocs pour montrer que toutes les réactions du patient ne sont pas de la douleur, il faut serrer les dents et résister à l’angoisse de mal lutter contre la douleur du patient. Difficile. Le patient a des réflexes, depuis des dizaines d’années on enseigne qu’il faut supprimer ces réflexes avec des morphiniques car ce sont des traductions cliniques de douleur. En fait on en sait rien. Il est super fréquent de constater que les réactions hémodynamiques s’estompent d’elles-mêmes sans rien faire. Auparavant on administrait 10 gammas de suf et on pensait que la résolution de la tachycardie était liée à un contrôle de la douleur… c’est l’histoire du Mucomyst qui guérit la bronchite qui guérit toute seule…

Dans notre région nous avons la chance de côtoyer beaucoup de médecins anesthésistes belges au fil de notre formation. Leur parcours est beaucoup plus axé sur l’anesthésiologie, et moins sur la réanimation. J’ai l’impression qu’ils vont plus au fond de leur discipline. Certains patrons belges ont une expertise très forte. C’est le cas de Marc De Kock à propos des morphiniques. Allez l’écouter, c’est passionnant.

http://www.centreaudiovisuel.be/emc/emc/Podcast_interuniversitaires/Podcast_interuniversitaires.html