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La prémédication (1/2)

WARNING ce texte n’est pas à jour, il a été écrit en 2012, il y a depuis de nouvelles recommandations notamment sur le diabète

L’anesthésie est une spécialité ambivalente : anesthésie/réanimation, science/sorcellerie. La pratique médicale en anesthésie est donc à la croisée des chemins entre habitudes et données scientifiques. J’emploie à dessein « habitude »…

La prémédication est la première intervention médicamenteuse du médecin anesthésiste. Elle a plusieurs objectifs : anxiolyse, parfois sédation, lutte contre la douleur, prévenir la douleur chronique, prévenir les nausées/vomissements post-opératoires et stabiliser la physiologie du patient (glycémie, pression artérielle, etc.)

Ce dernier point est presque bien codifié aujourd’hui, en tout cas c’est celui qui fait le plus l’objet de travaux scientifiques. Je rapporte ici ce que je fais dans le cadre de la chirurgie programmée pour des interventions qui durent plus d’une heure où le patient sera hospitalisé. En chirurgie/médecine ambulatoire il faut être plus simple et le mieux est probablement de ne faire aucun changement dans les habitudes du patient.

  • Pour les patients diabétiques qui prennent des antidiabétiques oraux (+/- une dose d’insuline lente le soir) :
    • Maintient des traitements antidiabétiques jusqu’à la veille sauf pour gliclazide (Diamicron) et glimépiride (Amarel) pour lesquels la dernière prise doit être le matin, la veille de l’intervention (demi-vie longue et risque d’hypoglycémie le lendemain)
    • Injection d’insuline lente à demi-dose la veille de l’intervention
    • Contrôle de la glycémie capillaire
    • Si glycémie élevée, injection d’insuline (en s/c ou SAP) avec adjonction d’un SG 5% (pas de SG 10% qui fait pire que mieux) à débit constant pour éviter les mauvaises surprises.
  • Pour les patients diabétiques qui reçoivent exclusivement de l’insuline
    • Faire la posologie habituelle d’insuline lente ou intermédiaire (couvre le métabolisme de base) et surveiller la glycémie capillaire
    • Définir un protocole d’insuline rapide selon les besoins habituels du patient
  • Pour les patients à risque cardio-vasculaire (résumé simplifié n’envisageant pas l’introduction d’un traitement par le médecin anesthésiste)
    • L’aspirine est poursuivie +++ (décision la plus simple et la plus importante ?)
    • Le clopidogrel ou ses cousins sont substitués par de l’aspirine (5 jours avant pour le clopi)
    • En général on remplace les AVK par une héparine, la dernière dose d’héparine s/c se fait la veille au soir, et la dernière dose d’HBPM la veille au matin.
    • Les antiarythmiques sont à maintenir, classiquement on fait l’impasse sur les antiarythmiques de classe I, j’avoue ne pas savoir/comprendre pourquoi
    • Les statines sont poursuivies en période périopératoire lorsque l’indication cardio-vasculaire est bien établie. Si elles sont prescrites pour une dyslipidémie, je ne me presse pas pour les reprendre.
    • Je ne comprends pas l’amour porté aux patches de dérivés nitrés… surtout pour des patients inactifs ou qui vont être à l’abri du moindre effort physique pendant quelques heures (jours ?), je ne les prescris donc pas en prémédication (et j’avoue les traiter avec dédain aussi en post-opératoire)
    • Je ne donne pas les diurétiques le matin de l’intervention
    • Concernant les inhibiteurs calciques, s’ils sont prescrits comme anti-hypertenseur, je ne les prescris pas le matin de l’intervention (clonidine en backup si pression artérielle très élevée). S’ils sont prescrits comme alternative aux β-bloquants chez des patients coronariens intolérants, je les prescris le matin de l’intervention.
    • Même réflexion pour l’ivabradine, elle est souvent (je l’espère… oO) prescrite chez les coronariens lorsque les β-bloquants sont mal tolérés, par analogie je la poursuis le matin de l’intervention.
    • Je ne comprends pas la frilosité des recommandations formalisées d’experts (RFE) de la SFAR sur les α2-agonistes. Je cite :

Bien que les alpha 2-agonistes réduisent le risque de décès et d’IDM postopératoire chez les coronariens opérés de chirurgie vasculaire, leur administration n’est probablement pas à recommander en raison de leur retentissement hémodynamique (GRADE 2-Accord faible)

Ainsi je ne comprends pourquoi les β-bloquants ou les IEC seraient bien considérés, avec un chouette débat contradictoire, alors que les α2-agonistes seraient traités comme de la crotte… En tout cas, à titre personnel je trouve que la clonidine rend beaucoup de service et que la diaboliser ne rend pas service aux patients.

    • Sauf indication très fortement correlée à une insuffisance cardiaque, j’arrête les IEC, les ARA-2 et le bloqueur de rénine. En général je demande au patient de ne pas prendre ce traitement la veille de l’intervention et je lui remets un document dans ce sens. Si la pression artérielle est élevée lors de l’admission, mon amie la clonidine nous aide à réguler la situation.
    • Il existe un débat scientifique concernant l’administration en préopératoire des β-bloquants. Jusqu’à l’étude POISE, il existait un assez grand enthousiasme pour donner des β-bloquants en prémédication. L’étude POISE a relevé plus d’épisodes d’hypotension avec augmentation de la mortalité liée à plus de morbidité neuro-vasculaire. Ainsi il existe depuis POISE un « flottement » dans la décision d’administrer ou non des β-bloquants le matin de l’intervention. Le problème de l’étude POISE c’est qu’elle ne correspond pas vraiment à la pratique habituelle (introduction du traitement le jour de l’intervention, posologie élevée…). Ainsi en pratique, comme l’immense majorité de mes collègues et selon les recommandations, je poursuis les β-bloquants en préopératoire. Je note toutefois que les RFE ne comprennent pas de recommandation écrite « noir sur blanc » pour recommander la poursuite d’un traitement au long cours chez le patient hypertendu. (Chez le coronarien qui le prend au long cours c’est plus clair)
    • Ici les recommandations formalisées d’experts (RFE) pour la prise ne charge en chirurgie non cardiaque des patients à risque cardio-vasculaire
    • UPDATE 2018 : je pense qu’il est possible de suspendre les béta-bloquants lorsqu’ils sont prescrits uniquement pour une HTA. En effet, je trouve que dans ce contexte on expose le patient à un risque d’hypotension avec les conséquences que l’on connait. De plus, j’observe régulièrement des posologies  farfelues qui nous compliquent la vie (administration matin et soir sans contexte d’hypotension orthostatique et d’insuffisance cardiaque)

 

  • Pour les patients BPCO
    • la poursuite des aérosols habituels est une sage décision
    • un aérosol de β-mimétique chez les patients qui ne prennent qu’occasionnellement des traitements est de bon aloi

 

  • Pour les patients atteints de pathologie neurologique et/ou psychiatrique
    • Administration en préopératoire des traitements anti-parkinsoniens
    • Administration en préopératoire des traitements anti-épileptiques
    • Il faut arrêter les IMAO et contacter le médecin psychiatre
    • Il faut vraisemblablement poursuivre les antidépresseurs tricyliques en se méfiant de certaines interactions médicamenteuses (avec les drogues qui allongent le QT et celles qui ont des effets pro-arythmiques)
    • Il faut vraisemblablement poursuivre les antidépresseurs IRS en gardant en tête qu’il y a un risque d’hypertension et de tachycardie avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ET de la noradrénaline (venfalaxine, milnacipran)
    • Poursuite des neuroleptiques sédatifs et/ou antiproductifs en se méfiant des interactions médicamenteuses pour la suite
    • Paradoxalement les anxiolytiques et/ou les traitements antalgiques pris au long cours sont souvent un peu « délaissés » voire même « négligés » hors je pense qu’ils sont très utiles pour définir une prémédication optimale (cf deuxième partie de ce billet)

 

  • Pour les patients atteints de pathologie endocrinienne
    • L’habitude fait prescrire la L-thyroxine per os le matin de l’intervention, mais il faut bien avouer que la demi-vie de cette molécule met clairement à l’abri le patient d’un coma myxoedémateux avec le shunt d’une dose
    • Il faut poursuivre l’hémi-succinate d’hydrocortisone et savoir augmenter sa posologie pour les interventions lourdes (i.e. à 100 mg le matin de l’intervention)
  • Pour les patients à risque de reflux (reflux sévère, gastroparésie diabétique, grossesse, gastroplastie)
    • ranitidine 2 cp per os avant l’intervention

 

  • Pour les patients prenant des corticoïdes, des immunosuppresseurs ou une chimiothérapie per os
    • Chez les greffés, poursuite des immunosuppresseurs (tacrolimus +++ forme IV possible)
    • Chez les greffés, administration de la corticothérapie usuelle au minimum, penser à la majorer si la chirurgie est majeure
    • Dans le cadre des MICI, les immunosuppresseurs « simples » ne gênent généralement pas trop la cicatrisation
    • Par contre il faut arrêter le REMICADE et l’HUMIRA 6 semaines à deux mois avant une chirurgie programmée
    • Il faut impérativement arrêter et/ou prendre un avis spécialisé concernant les chimiothérapie per os (capécitabine / XELODA), attention aussi au sunitinib/SUTENT : il faut impérativement l’arrêter (cicatrisation mise en péril)

21 réponses sur « La prémédication (1/2) »

Je retenté la chance (premier commentaire perdu). Poise est une drôle d’étude qui mélange des chirurgies vasculaires et des chirurgies viscérales aux complications radicalement différentes. Cependant, la mise à pied de D Poldermans, papa des bbloquants en péri-opératoire (suite à des études bidonnées) nous a laissé orphelins!

oui… je pense que le coronarien doit être mieux à 60 qu’à 120, plein de moyens sont bons pour y arriver (remplissage et monitoring du stroke volume/ou autre index), b-, analgésie… ensuite personne ne laisse un patient fragile à 40 de PAm… même si la littérature de neuro-anesthésie laisse parfois sous-entendre qu’augmenter la pression artérielle n’augmente pas toujours la perfusion des organes on ne peut s’empecher d’agir dans ce sens, à+

Je ne comprends pas bien ton attitude vis à vis des Inh Ca en ttt anti HTA. Je suis toujours un peu emmerdé de voir un patient arriver sur la table avec une diastolique à 3 chiffres.
En revanche je suis totalement d’accord avec toi concernant la clonidine, qui est diabolisée, y compris chez nombre de nos collègues.

Les statines, même si elles ne sont prescrites qu’en traitement d’une dyslipidémie, ont également un rôle protecteur de l’endothélium vasculaire, y compris à court terme, sans parler des effets pléiotropes (donneur de NO, protection contre les TVP…). Ne pas les reprendre immédiatement ? Mais on sort un peu du cadre de la seule prémédication.

Je ferais une dernière mention pour les patients douloureux chroniques que tu effleures : par pitié qu’on leur laisse leur traitement opiacé (je pense au patchs de fentanyl sauvagement arrachés lors de la douche matinale…) au moment où on va les passer de lit en brancard, brinquebaler dans des couloirs, de brancard en brancard, et de brancard sur table…

@ae8db2ddcc7415d84f9874d45fbcfc1e:disqus : si vous utilisez Firefox, il y a un plug-in très pratique qui s’appelle TextArea Cache qui garde en mémoire le contenu des formulaires. Il s’affiche (paramétrable) dans la barre d’état du navigateur et un simple clic dessus en rappelle le contenu et évite ainsi d’avoir à tout retaper.

Hello,

à propos des anti-hypertenseurs ma pratique est focalisée sur la chirurgie à risque de dégradation hémodynamique per et post-op. Mis à part le cas très particulier des phéo (on laisse les inh calciques je te rassure 😉 ), je suis beaucoup plus confronté à de l’hypotension sévère que de l’hypertension maligne.

Pour limiter les risques d’hypertension maligne préop, je mets quasi systématiquement en backup la clonidine (en pratique je prescris si PAsys > 160 mmHg 75 à 150 gammas de clonidine selon le patient)

A titre personnel l’hypotension me fait plus peur que l’hypertension. Je trouve beaucoup plus gênant de mettre de la noradrénaline en perop que de la nicardipine ou de la clonidine.

A propos des statines, je crois qu’on nous bourre le mou avec les effets pléiotropiques, j’attends des données solides, sans critère composite à 4 objectifs. (business, business…)

A propos de la douleur chronique, j’espère rédiger un deuxième billet sur le thème « anxiolyse/sédation/antalgie »

Merci pour ton commentaire.

bye

Tiens, c’est chipoter mais j’avais comme notion depuis la ccv que l’aspi, tu peux l’arrêter si c’est en prévention primaire (donc continuer+++ si prévention secondaire), c’est une spécificité locale ou est-ce un raisonnement valide;)?

Je n’ai lu que la première partie (suis sensé surveiller un bloc quand même …) mais j’ai qq remarques :
– les antiaggrégants sont remplacés par des antiaggrégants, les anticoagulants par des anticoagulants … ça va de soi, mais ça va mieux aussi en le disant … combien de fois on voit des relais Plavix/Lovenox …
– Pour les AA de classe 1, leur effet antiarythmiwue est potentialisé par le propofol et les halogénés, d’où leur recommandation d’arrêt par les savants 24h avant une AG. En pratique, les halogénés étant eux même pro-arythmogènes ça pose rarement des soucis (dans mon expérience en tous cas …)
– En ce qui concerne la clonidine, les retentissements hémodynamiques sont vraiment importants après une heure d’AG (lire l’excellente étude de l’équipe de Huriez (/kiss) : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19448230). Quand les BB et les IEC sont indiqués à visée coronarienne (remodelage ventriculaire, protection myocardique toussa toussa), il vaut mieux les poursuivre : cf rapport bénéfice/risque que tu expliques plus haut. Perso je maintiens les IEC et BB uniquement quand ils sont prescrits dans cette indication, si c’est « juste » pour de l’hypertention, je fais comme toi.
– Pour les BB, effectivement c’est moins clair que les premières études laissaient paraitre, probablement bénéfique dans certains groupes de patient à haut risque coronarien (score de Lee ++), pour les autres, ce serait au mieux inefficace …

Salut !

Merci pour ton commentaire.

– oui je suis complètement d’accord, mais l’objet de ce billet c’est de raconter ma pratique pour juste faire du « partage d’expérience » et nourrir la discussion comme on le fait. Dans le billet sur le relais héparine/AVK que tu as déjà commenté j’ai raconté comme on pouvait être victime de relais bizarroïdes.

– Pour les AA merci de ta remarque, c’est vrai je pense que l’halothane avait mauvaise presse 😉 aujourd’hui j’injecte 1,5 mg/kg de xylo à quasiment tous mes blocs de viscérale « lourde ou semi-lourde » à l’induction, donc bon… euh… comment dire…

– Pour la clonidine, grâce à votre travail je l’utilise quasi-systématiquement en rachi morphine. Je ne sais pas si le retentissement hémodynamique de la clonidine est le même que celui d’une hypovolémie ou d’une vasoplégie d’origine septique ou inflammatoire. Cf les travaux sur la clonidine en chir cardiaque… et puis les belges vont te dire que si t’en mets vraiment une tonne tu finis par avoir un effet alpha+ (j’ai jamais osé mais j’aimerais voir)

– Pour les IEC je fais un peu selon la la lourdeur du bloc et la pathologie effectivement, mais je persiste à dire que je ne les trouve pas anodins (surtout chez patients âgés)

– Quant à Lee, je trouve le score tellement peu pratique que je l’oublie

ciao et merci d’être passé par ici 🙂

Pour les patients psychiatres sous teralithe, vous n’arrêtez pas le lithium? A ma connaissance, risque de surdosage (lithemies tres elevées,danger++), en association a la majorite des anesthesiques generaux.

Bonjour,
merci pour votre commentaire, un rapide Google m’envoie vers un texte d’une communication de la SFAR :
« Lithium
Les sels de lithium sont utilisés dans la psychose maniaco-dépressive. Il diminue la libération des neurotransmetteurs (compétition sodique). Le traitement par lithium justifie une étroite surveillance des patients compte tenu des très nombreux effets indésirables. Les signes cliniques (prodromes) de surdosage doivent être connus (céphalée, vomissements, diarrhées, soif, asthénie intense, vertiges, tremblements amples, dysarthrie) et la lithémie préopératoire doit être vérifiée. La lithémie efficace se situe entre 0,7 et 1 mmol·L-1. Le surdosage est manifeste au-dessus de 1,5 mmol·L-1. La perte de sodium est à éviter (régime sans sel, diurétique). Les interactions avec les médicaments de l’anesthésie se résument à une potentialisation des myorelaxants [65] par réduction des récepteurs à l’acétylcholine [66]. Cet effet n’a pas était retrouvé par d’autres auteurs [67]. Lorsque les myorelaxants sont utilisés, le monitorage neuromusculaire est impératif. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens augmentent la lithémie et sont à éviter. Les apports hydrosodés doivent faire l’objet d’une attention particulière et être parfaitement adaptés aux pertes.
Bien que toujours débattu [32], l’arrêt du traitement n’est plus la règle [16] dès lors que les précautions mentionnées sont respectées. »
in Conférences d’actualisation 2002, p. 11-24.
© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS, et Sfar. Tous droits réservés.
Quels sont les médicaments à arrêter avant une anesthésie ?

F. Gonzales, C. Baillard
Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Avicenne, 125, route de Stalingrad, 93009 Bobigny, France

réf citée dans le texte :
Smith MS, Muir H, Hall R. Perioperative management of drug therapy, clinical considerations. Drugs 1996 ; 51 : 238-59.
Hill GE, Wong KC, Hodges MR. Lithium carbonate and neuromuscular blocking agents. Anesthesiology 1977 ; 46 : 122-6.
Pestronk A, Drachman DB. Lithium reduces the number of acetylcholine receptors in skeletal muscle. Science 1980 ; 210 : 342-3.
Waud BE, Farrell L, Waud DR. Lithium and neuromuscular transmission. Anesth Analg 1982 ; 61 : 399-402.

Bonsoir,
Je ne vois rien du tout concernant le méthylphénidate (marque ritaline ou Concerta), dans le cas du TDAH ou de la narcolepsie.
Je ne vois rien non plus concernant le modafinil (marque Modiodial).

Auriez-vous des informations sur la prise de ce type de médicaments avant une anesthésie pour intervention chirurgicale ?

Merci d’avance

je n’ai jamais à titre personnel eu à faire face à ces traitements. Je ne connais donc pas leur management avant une intervention chirurgicale.

Ainsi si j’étais face à un patient qui prend ces traitements je ferais une recherche pour savoir la CAT.

De prime abord mon intuition me souffle que des traitements de la narcolepsie et/ou optimisant l’attention ne sont pas indispensable avant une anesthésie générale.

Oui et non. Le methylphénidate améliore l’attention des TDA/H en atténuant leur agitation cérébrale et physique. Chez eux, contrairement au sujet normal, l’effet global est calmant et non psychostimulant. Global car cet effet calmant résulte tout de même de la stimulation de certaines zones du cerveau.

Il me paraît impossible de prévoir qu’elle va être la meilleure option avant une anesthésie. Chez un sujet équilibré au long cours par des doses supérieures à 80 mg (élevées), je serais tenté de ne pas arrêter le médicament. Je ne connais pas de littérature sur le sujet.

Certes. Mais globalement les protocoles d’anesthésie sont tous d’une telle puissance et d’une telle influence globale sur le cerveau que ces traitements me paraissent « négligeables » (dans le sens pas d’influence sur l’AG) sur une courte période périopératoire.

pour la narcolepsie un rapide pubmed me donne un case report où le protocole d’anesthésie est tout à fait banal : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21448767 en prenant le traitement et même sans le prendre : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18518866

pour le méthylphénidate on trouve aussi rapidement des cas cliniques sans évènements à signaler : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20015823

Par contre pour le méhylphénidate il y a une utilisation rigolote qui pointe le bout de son nez http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22446983 (à mettre en parallèle avec la manipulation du récepteur alpha 2 comme j’en cause dans le billet sur la clonidine http://www.nfkb0.com/2013/02/16/la-clonidine/ )

Merci de votre réponse.

J’ai bien fait une recherche concernant la CAT avec ces traitements en anesthésie, mais je n’ai pas trouvé (ou bien je dois être miro).

Je me suis donc demandée si vous aviez ce genre d’information.

Je reformule donc ma question, qui était certainement mal posée : vu que je dois me faire opérer des dents de sagesse et que l’anesthésiste n’a pas l’ombre d’une idée sur comment gérer ce type de traitement (parce qu’il n’a jamais eu de patient avec ce type de traitement), existe t-il des recommandations ou des guides spécifiques concernant la CAT avec de tels médicaments ?

Sans compter que dans la notice (qui vaut ce qu’elle vaut certes, mais toute info est bonne à prendre), il est indiqué que ce type de médicament peut causer une hypertension artérielle maligne. Malheureusement, je ne sais pas inventer ce qui est inscrit dans la notice 🙁 (que j’ai déroulé sous les yeux, pour vos beaux yeux)
Et à part cette information dans la notice, l’anesthésiste en question n’a rien ou pas grand-chose à se mettre sous la dent 🙁 (il trouve que le Vidal n’est pas beaucoup plus bavard à ce sujet)

Si vous aviez eu à gérer ce type de traitement chez un adulte, j’aurais imprimé cette page et je le lui aurais fort volontiers fait lire : ça lui aurait fait quelque chose à se mettre sous la dent.
Comme ce n’est pas le cas et que c’est la première fois que cette situation se présente pour lui, il m’a demandé de chercher des informations tandis qu’il cherche lui aussi (selon lui, deux cerveaux valent mieux qu’un, et deux recherches d’informations par deux cerveaux différents valent mieux qu’une).
Disons que quand un os se présente, les médecins qui me soignent me demandent de chercher des informations puis, à la visite suivante, nous confrontons les informations trouvées pour dégager la solution la plus adaptée à la situation qui se présente. Nous (le médecin comme moi) trouvons que c’est le meilleur moyen de ne pas prendre de risques injustifiés (cf article 40 du Code de Déontologie Médicale).

Bref, si vous avez des recommandations, des guides sur la CAT, je suis preneuse. Je les imprimerai et les ferai lire à l’anesthésiste, il confrontera avec ce qu’il a trouvé et nous prendrons ensemble la meilleure décision possible, ou, du moins, la décision la moins mauvaise.

Merci d’avance pour votre temps

Bonjour,

malheureusement pour vous, l’expertise médicale en ligne n’est pas codifiée et je ne peux pas vous donner d’infos personnelles de façon éthique via un blog.

Cependant à titre d’information generale j’ai trouvé (en deux secondes ) plusieurs cas cliniques très rassurants dans la littérature (que j’ai cités dans ma réponse a mon confrère le Dr Dupagne)

Ensuite on peut faire le parallèle avec certains médicaments « inhibiteur de la recapture de noradrenaline » comme certains antidépresseur et au quotidien ça se passe bien.

A titre personnel je n’aurais aucun soucis a endormir un patient qui prend régulièrement les traitements que vous décrivez.

Bon courage

PS aucun problème pour que vous montriez les liens que j’ai cités au collègue anesthésiste

Merci de votre réponse.

Je posais des questions générales, mais encore une fois, je dois être trop buse pour m’exprimer correctement :S
(il me reste un dernier neurone après la soirée d’hier)

Je me suis dit qu’il y avait peut-être des guidelines sur la CAT, mais je vois qu’apparemment non. Ce n’est pas grave, j’ai appris quelque chose.
En plus, votre confrère anesthésiste aura davantage d’infos à se mettre sous la dent que le Vidal ou pire, la notice 😉

Sur un tout autre sujet (je digresse, je digresse 😉 ), quand je vois qu’aux visites médicales obligatoires (visite du travail, médecin agréé ARS…), certains médecins réclament des bilans inutiles uniquement parce qu’ils ne connaissent pas la problématique (ou bien croient la connaitre à partir d’informations obsolètes) et/ou parce qu’ils ont trop la trouille d’avoir un procès, ça me fait un peu beaucoup rager.
Ce qui ne facilite pas la relation de confiance….

Bonjour,

vous vous exprimez clairement mais je fais exprès de faire une pseudo-réponse de Normand…

Non il n’y a effectivement pas de recos pour tout et les recos ne sont pas des tables de la loi. Juste des répères.

Quant aux examens biologiques dans tous les sens ça fait parti des choses auxquelles je suis très sensible… Ça m’irrite comme vous. Sauf que je travaille sur moi même pour négliger certaines petites épines quotidiennes comme ça… Cultiver un certain flegme quoi…

Nous sommes d’accord sur le fait que des guidelines ne sont que des points de repères et non des lois gravées dans le marbre.

Le hic, c’est que quand je tombe sur un anesthésiste qui ne sait pas quoi faire et hésite ou bien refuse parce qu’il ne sait pas quoi faire, les guidelines, ça lui donne un point de repère.
Après, il pourra adapter à sa pratique, nous sommes d’accord sur ce sujet.

Si, grâce à ces guidelines, l’anesthésiste ne prescrit pas d’examens inutiles en tout genre parce qu’il est paniqué du fait de son manque d’expérience avec un traitement X ou Y, ça fera du temps et de l’argent gagné pour tout le monde.
Après, libre à lui de suivre ou pas ces recommandations, bien évidemment.

Pour cette raison, j’accepte très volontiers qu’un médecin me donne comme devoir à la maison de chercher des guides de gestion ou bien des éléments tels que études etc…
Je préfère ce genre de recherche à subir plein d’examens inutiles, qui font perdre beaucoup de temps, mais aussi qui coutent bonbon (à moi comme à la collectivité).

Finalement, sur les idées, nous disons la même chose mais différemment.

Après, d’un point de vue pragmatico-pratique de patiente, je rencontre beaucoup de médecins qui sont paniqués dès qu’ils ne savent pas.
Du coup, pour faciliter la relation, je n’hésite jamais à chercher ce genre de guidelines. Pensez que ça me prend beaucoup moins de temps de chercher et donner à lire ces guidelines au médecin (quitte à ce que le praticien fasse à sa sauce malgré tout) que celui de me faire envoyer d’un spécialiste à l’autre pour moult examens inutiles.
Et malheureusement pour moi, gérer vos confrères paniqués parce qu’ils ne savent pas fait partie de mon dur travail de patiente atteinte de maladie chronique.
N’en prenez pas ombrage !

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