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je n’ai pas créé un blog pour me plaindre

mais j’ai traversé une période difficile

quand on a envie de rien, c’est compliqué de faire quelque chose de constructif pour sortir des noires ruminations

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Journal #COVID19 chapitre 4

La communication à grande échelle de Didier Raoult et de son équipe continue de me sidérer. Les foules le suivent. C’est délirant. Les raisonnements médicaux de base sont inaudibles. Les réseaux sociaux sont définitivement toxiques en dehors d’une bulle filtrante de pairs bien choisis. Heureux d’avoir eu une bonne conversation téléphonique là dessus avec Daddy the Beat, ça fait du bien d’être écouté. Je vous conseille la lecture de cet article pour vous faire une idée des conséquences du problème. (si vous avez les nerfs solides, vous pouvez aussi lire les commentaires…) Notez qu’il y a beaucoup de communications dans différents pays pour souligner les effets indésirables (prévisibles) et pas de nouvelles d’une efficacité (espérée). Les études sont à suivre.

Dans la série Twitter toxique, je peux aussi dégager les libertariens en culottes courtes de ma timeline. Comment peut-on aujourd’hui être à se point déconnecté de la réalité pour se plaindre de l’intervention de l’état ?

Et les réseaux sociaux toxiques, ce sont aussi et surtout les comptes avec de faux-nez (false flag en langage du renseignement) qui dispensent des propos à même d’augmenter l’angoisse à grands renforts de fake news bien maquillées.

Pour le faux compte dont il est question ci dessus, ça me parait une évidence tellement il y a d’incohérences dans les médias utilisés (j’ai repéré des drogues d’anesthésie périmées de 2017…).

Là où ça devient vraiment drôle c’est quand les chasseurs de complots et de #PsyOps finissent par traiter de faux compte des médecins établis sur Twitter depuis (presque) 10 ans. Au moins ça donne l’occasion de rigoler avec de nouveaux hashtags genre #TeamRiposte

Pour ma part, j’essaye de faire un tri drastique sur les RS, je cherche ce qui m’intéresse, je montre à l’algorithme que n’aime pas les chouineries diverses et il reste d’excellentes conversations comme celle ci :

Ce genre de sondage a le mérite de faire ressortir mes faiblesses en ventilation de réanimation. Je vais replonger dans les asynchronies et j’espère en sortir plus serein devant un problème de désadaptation du ventilateur.

bon, on a connu plus souriant mais ça n’est pas un sketch de Ferrari non plus

Sinon, ben les égos ça fait chier quoi.

Pas de COVID19 pour moi.  Notre GROOOOOOS hôpital absorbe, je fais donc de l’anesthésie, et ça continue de me plaire. Nous avons pu faire 47% des opérations programmées ces derniers temps, la cancérologie bien sûr. Nous avons adapté nos protocoles d’anesthésie pour que certains médicaments soient moins consommés. C’est la première fois que je ne fais pas exactement ce que je veux comme anesthésie pour des raisons contextuelles et ben c’est pas grave, ça donne l’occasion de voir les choses différemment 🙂

Sur le plan personnel ça va très bien. J’ai l’impression que j’arrive vraiment à simplifier des trucs ou à bien vivre le fait d’être ne mode dégradé. Pour un control freak  voué à l’optimisation à tout va je trouve ça bien. Le vélo me fait toujours du bien (record hier avec 4h04 de home-trainer, on met sa fierté où on peut, et si comme ce très cher Dr Laurent DM vous penser à mon cul sachez que mon périnée a bien encaissé 4h de selle sur place.) Sur le vélo je regarde des trucs différents de d’habitude, de la cuisine avec Alex French Cooking et de la critique du marketing digital avec « Le Créatif ». Si je n’adhère pas à fond à la forme (coucou Décathlon, désolé pour tes masques) j’aime bien le message. Et j’ai bien aimé cette vidéo sur l’actualité et je pense que je vais acheter (et lire) ce bouquin sur l’écologie de l’attention.

Bonus : un raccourci iOS pour automatiser les attestations numériques, c’est pas super intuitif mais ça fonctionne, le code est propre. Je peux vous aider si vous peinez à l’installer/utiliser.

Bises à M’sieur J de garde !!

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Journal #COVID19 chapitre 3

Cette semaine, je suis allé faire un tour chez mes collègues de réa chir. J’ai fait l’observateur et un peu l’externe en essayant de rendre service sans trop faire chier (exercice difficile pour moi :D) J’ai découvert une équipe qui turbinait très très fort avec des internes très investis. Ca m’a fait du bien de réviser le fonctionnement du service en journée, de me familiariser avec leur logiciel de prescription et de faire de la médecine ! Dans nos discussions, nous alternons entre gestion de l’incertitude et certitude que Didier Raoult sème la discorde. Le bon côté des choses c’est qu’en s’exposant, des gens intelligents vont creuser bien profond dans ses « travaux », ça risque de faire mal… Le mauvais côté des choses c’est la croyance populaire boursouflée d’un mélange de peur et d’espoir qui revient sur le devant de la scène. Encore une nouvelle religion qui veut s’imposer contre la science. Les religions déguisées en science sont encore plus difficiles à combattre (cf pratiques diététiques alambiquées). Je suis meurtri par la violence des propos sur les réseaux sociaux, des gens sortis de nulle part insultent copieusement les médecins et scientifiques qui mettent en garde contre les recettes magiques. C’est tellement gros que je suis persuadé qu’il y a part de manipulation calculée des réseaux sociaux. Il est tout à fait possible que des gens malveillants cherchent à profiter de l’instabilité ambiante. C’était d’ailleurs montré à propos des bots anti-vax.

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Journal #COVID19 chapitre 2

Mercredi 18 mars

Vélotaf incroyable hier soir, il faisait beau, la route était déserte, un vrai plaisir. Faut trouver du positif les amis 🙂

Hier soir, beaucoup d’interrogations autour de l’utilisation des masques, les recommandations changent tout le temps, j’ai le sentiment que les recommandations sont fortement contraintes par la pénurie. Personnellement j’ai la goutte au nez et j’aimerais trouver le bon compromis entre respecter les recos, conserver des ressources et éviter de contaminer qui que ce soit si j’étais une sorte de porteur paucisymptomatique. Je vais mettre un masque mais je peine à m’habituer à cette idée de faire au moins pire plutôt qu’au mieux. Ça sera pourtant une clé dans la gestion de cette épidémie.

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Journal #COVID19 chapitre 1

J’ai besoin d’écrire pour garder une trace de tout ça.

J’ai entendu parlé du coronavirus COVID19 début janvier quand les premiers mails de la DGS sont tombés. Je me suis dit, tiens, ils ont un bon réseau de veille. Il fallait tout de suite prévenir le SAMU si quelqu’un revenant de Chine avait de la fièvre.

Premières blagues avec les copains pilotes d’avion, premières images d’une Chine à l’arrêt mais ça parait si lointain… pas de copain chinois à contacter, pas facile de lire le chinois sur le web…

Mi février, en vacances, pourtant en diète d’informations et réseaux sociaux, je vois que ça se tend fort en Italie et qu’il faut isoler chez eux les gens qui reviennent d’Italie, ça parait dingue comme mesure mais c’est que c’est sérieux, ma vigilance est clairement montée d’un cran. Il y a vite ordre et contre-ordre, on sent que ça va être compliqué.

Retour des vacances dans des trains bondés, on est dans le flou. Au travail je pense déjà à mettre un masque en consultation mais je ne ne fais pas par crainte d’être jugé catastrophiste ou de consommer des ressources inutilement. L’angoisse monte en moi, mais finalement faire des consultations, faire des trucs routiniers m’apaisent.

Vendredi 6 mars, je suis de garde, devant une pneumonie nosocomiale je me demande déjà s’il faudrait tester des patients mais le contexte n’est pas encore assez fort. Le 8 mars, je vais à un spectacle, inquiet, mais j’y vais. Et la salle est comble. Le 9 mars je vois l’épidémie qui s’apaise en Chine, ça me fait du bien.

Je comprends vraiment le problème le 10 mars à la lecture des retours italiens. L’allumette est craquée, je brûle vraiment intérieurement. On en est encore à réfléchir comment on va gérer des déplacements prévus prochainement, comment notre petit confort va être impacté.

Les collègues médecins appellent à l’aide pour des consultations de triage des cas suspects de COVID19. Je décide d’aller aider le dimanche suivant. C’est couillon mais je veux symboliquement me montrer solidaire. Je n’ai pas encore compris que l’anesthésie-réanimation va se prendre une grosse baffe.

Le Président de la République annonce la fermeture des écoles. Ça y est tout le monde va être impacté. Les chouineurs râlent. On commence à faire le tri entre les vrais cons et des gens en maîtrise.

Le dimanche 15 mars, j’aide au dépistage. J’ai un sentiment de futilité puisque le virus est désormais partout. A ce sentiment s’ajoute la tristesse de voir les élections se dérouler, des carnavals improvisés et d’autres réunions publiques.

Lundi 16 mars, tout le monde a une belle soeur qui sait de source sûre que le vrai confinement arrive. Manipulation de masse calculée via les réseaux sociaux ? Le discours du Président de la République est très bien calculé. De multiples astuces de langages et de communication sont utilisées pour transformer l’opinion. J’attendais quand même plus de fermeté. Il faudra attendre le discours du ministre de l’intérieur pour avoir des consignes plus précises. Ces calculs politiques de qui dit quoi me saoulent, « nous sommes en guerre » et on louvoie encore… #sigh Partout on perçoit la pression qui monte, les masques qui manquent, le SHA indisponible, etc. Je me sens encore plus éloigné que d’habitude des concepts de patriotisme et de nationalité quand je vois l’absence de respect des mesures. Je comprends aussi que l’opinion publique ne voit pas les malades, ils ne savent pas ce que c’est, c’est pour ça que ça leur échappe…

Mardi 17 mars, les rues se vident un peu, paradoxalement je n’ai jamais si peu eu besoin d’un masque à vélo pour aller travailler. La météo est magnifique et l’ambiance à l’hôpital est pesante. En anesthésie nous ne sommes pas encore dans le cyclone viral. Juste dans les coups de vent annonciateurs de l’ouragan : on déprogramme, on manipule les consultations, etc. on renvoit chez eux des collègues malades, on espère que le collègue parti à Tataouïne puisse revenir. Je vois le professeur Raoult qui essaye encore de buzzer. Je vois comme le souligne justement Florian Zores qu’on peut maintenant donner des cachetons dangereux sur la base d’une étude foireuse d’une vingtaine de sujets alors qu’on trouve toujours à critiquer des études avec des milliers de patients… dingo.

Il faut rester cool avant que la tempête n’arrive sur nos gueules. BRACE BRACE // BRACE BRACE