Je viens de finir un bouquin qui m’a beaucoup plu : Augmentus, chroniques du cyclocentaure à l’ère de l’intelligence artificielle.
Beaucoup de pages du livre déclenchaient des réflexions en moi, des associations d’idées se font et j’avais envie de vous parler un peu d’une problématique que je retrouve souvent : le besoin pour le cerveau de fabriquer du sens. Je crois que l’homme a une impulsion naturelle pour explorer, qu’il est naturellement curieux, que son cerveau, sa mobilité, ont fait parti des clefs pour évoluer. Dans un passé récent, des dogmes, des religions étaient extrêmement solides et fournissaient des repères, des explications et des conduites à tenir auxquels on ne pouvaient déroger.
Yesterday I was attending as an anesthesiologist for a very old lady having a very long surgery. ENT surgery for cancer with a brachial freel flap reconstruction. I have to say that I do not know nothing about this medical litterature but I write this as quick memo for later. There also some tidbits about scarring.
what about giving aspirin one week before the surgery ? does the risk of more transfusion outweights the benefits ?
what about giving NO donors before the surgery or at least NO rich food like beetroot concentrate ?
what about aiming for an hematocrit between 27 and 30 % for good hemorheology ?
what about maintaining a good mean arterial pressure and keeping a very shallow window of 60-70 mmHg ?
is there a place for intravenous isorbide dinitrate during surgery ?
is there a place for rinsing the flap with heparinized solution and or nitrates ?
should we use more albumin or fresh frozen plasma to preserve glycocalyx of the microcirculation in the flap ?
in the post-operative ward, might photobiomodulation with red or more seriously infrared lights help tissue metabolism ?
should we encourage even more patients to move after the surgery to rise cardiac output ?
is there a place for zinc and ascorbic acid supplementation or proline to enhance collagen production ?
un petit billet d’humeur comme j’aime bien en écrire quand un truc me trotte en tête…
J’ai repris l’entraînement dirigé par mon coach préféré en mars. J’aime le processus. Mes objectifs sont plus petits cette année mais je veux quand même jouer le jeu d’un entrainement sérieux. J’ai eu une période creuse dès le démarrage liée à des petits soucis de santé et après nous avons embrayé sur une montée assez conséquente en charge. Progressif mais la pente était raide quand même.
Depuis 3 semaines je m’entraîne selon un plan d’entraînement monté par Julian Nagi dont je vous ai déjà parlé. (Là et là par ex). C’est dur. J’encaisse physiquement mais c’est difficile mentalement.
light and dark
Ce matin, j’étais spontanément réveillé assez tôt, vers 4h40. Comme le sommeil n’est pas revenu, je me suis collé à ma séance de home-trainer prévue aujourd’hui : un contre la montre de 30 minutes. Je vais la peur au ventre sur cet exercice. Je sais à quel point je vais souffrir mais faut y aller parce que ça n’est pas la motivation qui va appuyer sur les pédales, c’est la discipline.
GET THE JOB DONE.
Me voilà donc sur le vélo, le ventilo à fond la caisse, je vais affronter mes peurs. Je sais de quoi j’ai peur : j’ai peur d’abandonner, j’ai peur de me décevoir, j’ai peur de sortir de moins bons chiffres que les autres fois.
GET THE JOB DONE.
Echauffement. Prise de repères. Premières pensées négatives. Relâchement. Reprise des accélérations. Quelques intervalles plus costauds. Je pédale un peu carré. Je vacille déjà. Je monte déjà un scénario de backup : « pour certains cet échauffement pourrait être un exercice ! et oui c’est à la mode d’être time efficient, bla bla bla ».
GET THE JOB DONE.
J’y suis. 235 watts. Pardon Julian, j’ai encore des chiffres devant les yeux, mais je m’en détache petit à petit, je te le promets. Je m’installe dans le rythme. Je sue. Je respire fortement.
GET THE JOB DONE.
Passer la moitié du temps m’a paru long. Je crains la suite. Mon allure varie beaucoup. Mou, fort, mou, fort. Je cherche mon cap.
GET THE JOB DONE.
Ma fréquence cardiaque dérive vers les sommets, je dérive. Je suis dans la zone noire. Ça y est. Enfin.
GET THE JOB DONE.
Mon cortex s’éteint petit à petit. J’ai juste assez d’influx pour aller chercher des mantras répétitifs.
GET THE JOB DONE.
Je touche au but. Je sais que je vais survivre à cet exo. La joie revient. J’appuie mieux, plus fort. Je crois que je souris.
GET THE JOB DONE.
For 3 weeks I have been training on a training plan by Julian Nagi that I have already mentioned. (Here and there for example). It’s hard. I handle physically but it is mentally tough.
This morning, I was spontaneously awakened fairly early, around 4:40. As sleep did not return, I stuck to my home-trainer session scheduled today: a 30-minute time trial. I feer this workout, it’s more a stomach test to me. I know how much I will suffer but I must go because it is not the motivation that will press the pedals, it is the discipline.
GET THE JOB DONE.
So here I am on the turbo, maximum fan power, I will face my fears. I know what I’m afraid of: I’m afraid of giving up, I’m afraid of disappointing, I’m afraid of going out worse than other times.
GET THE JOB DONE.
Warming up. Getting Started. First negative thoughts. Relax. Acceleration resumes. Some harder intervals. My pedal stroke is square. I’m already wavering. I am already mounting a backup scenario: « for some this warm-up could be an exercise! And yes it is in the fashion to be time efficient, blah blah blah ».
GET THE JOB DONE.
I’m there. 235 watts. I beg your pardon Julian, I still have figures in mind, but I gradually detach myself, I promise you. I settle in the rhythm. I sweat. I breathe heavily.
GET THE JOB DONE.
Spending half the time seemed long. I fear the rest. My pace varies a lot. Soft, strong, soft, strong. I’m looking for my heading.
GET THE JOB DONE.
My heart rate drifts to the peaks, I drift. I’m in the black zone. That’s it. Finally.
GET THE JOB DONE.
My cortex gradually dies out. I just have enough influx to get repetitive mantras.
GET THE JOB DONE.
I touch the goal. I know I’ll survive this w/o. The joy returns. I handle it better, stronger. I smile.
Je suis né le 24 novembre 1980. C’était un lundi je crois. C’est toujours un peu plus difficile le lundi !
A ma naissance, l’examen clinique a trouvé un souffle cardiaque important. J’avais un trou entre mes deux ventricules ce qui pertubait quelque peu les flux sanguins. Heureusement, une autre malformation me protégeait de la première : ma valve pulmonaire est un peu trop petite, les docteurs parlent d’une sténose pulmonaire. On dit que ma sténose me protège des conséquences de ma CIV car elle évite de surcharger l’artère pulmonaire qui n’encaisse pas très bien le surplus de boulot en général.
Quand bien même une anomalie compense une autre, mon petit coeur devient gros. Il se fatigue. J’ai du mal à prendre un biberon sans m’étouffer et du coup je ne grandis pas. C’est couillon car les docteurs voulaient que je fasse au moins 7 kg pour m’opérer. Chiffre magique.
J’y suis arrivé (aux sept kilos) et le 11 mai 1982 j’ai été opéré d’une communication interventriculaire sous infundibulaire au centre médico-chirurgical de Marie Lannelongue. Le Professeur Jean-Paul Binet a donc ouvert mon thorax de sprat* pour aller mettre une rustine dans mon septum interventriculaire.
L’intervention s’est bien passée, celui qui se décrivait comme « un mécano de Dieu » était satisfait de son geste.
Le post-op a quand même l’avoir d’avoir été émaillé de complications histoire d’angoisser encore un peu plus mes parents qui devaient déjà avoir leur dose. Hum. Joueur je suis.
Finalement, je sors plutôt bien de cette histoire. Je grandis, les cardiologues qui me suivent jusqu’à mes 20 ans sont tous rassurants*** : « super résultats, il fera ce qu’il veut dans la vie, limitez peut-être juste le sport en compétition. »
Aujourd’hui, je connais mon corps, je sais qu’il a des limitations. Ma valve pulmonaire est toujours rétrécie. Mais je n’y pense pour ainsi dire jamais. A tel point que j’établis des stratégies d’entraînement sportif alambiquées pour grignoter des secondes dans un triathlon alors même que j’aurais toujours un petit frein dans ma poitrine.
J’en viens quand même à l’objet de cette note. J’ai essayé d’écrire au CMC Marie Lannelongue mais je m’y suis pris trop tard, le Pr Binet était décédé. Alors comme on peut tout faire avec Internet, j’ai décidé de faire cette note pour traduire ma gratitude. Sans la Science, sans les Hommes qui la font, je ne serais pas là aujourd’hui. Ça m’a parfois angoissé dans mon enfance lorsque j’ai compris que je devais la vie à la culture, que dans la nature brute, je serais mort d’insuffisance cardiaque. Aujourd’hui, je trouve ça con. Alors voilà, juste merci.
merci à vous !
*argot dunkerquois, synonyme de craquelot**
** comprendre petit poisson, des fois on voit à travers !
*** par contre après j’ai rencontré quelques khons comme écrirait Docdu16.