J’ai écrit ce texte il y a longtemps. Je ne l’avais pas publié. Je l’ai retrouvé à l’occasion d’un tri dans mes fichiers (rationalisation de l’accumulation de données). Le texte est sévère. Je vous enjoins à trouver les messages en filigrane. Il y a des choses qui me tiennent à coeur… voici donc le texte :
J’ai décompensé brutalement en sortie de confinement : j’ai acheté les lunettes FORM Swim de manière complètement impulsive après une vidéo de Lionel Sanders sur le sujet.
En manque de natation, rythme dans l’eau complètement perdu, je me suis laissé envouter par le marketing en *imaginant* que ça serait motivant d’avoir l’allure affichée dans les lunettes. Con que je suis j’ai imaginé une allure instantanée à la piscine alors que la marque n’annonce pas fournir ça.
Je les ai commandé sur le site de la marque, en payant en dollars ça faisait l’équivalent de 165 euros. Mais bien sûr la TVA et les frais de dossier DHL ont fait gonfler la note très sérieusement + 65 euros ! soit 230 euros.
Sur le site de Form, il était possible de commander via Amazon et l’expédition aurait été faite d’Europe, j’aurais du choisir cette option. Lorsque je refais une simulation sur leur site, ils ont simplifier la procédure et aujourd’hui on arrive à 218,74 euros TTC. En tout cas, vous avez compris que c’est très cher pour des lunettes de natation.
Je reçois très rapidement le produit malgré le contexte et la traversée de l’Atlantique. Et je les essaye en piscine de 25 m. D’emblée tout marche, tout est simple, c’est réussi de ce point là. Mais je suis gêné par le changement de champ de vision par rapport à mes lunettes Zoggs Predator, les classiques de triathlon. Mon oeil droit est directeur et le fait de moins bien voir mon bras droit me gêne. Par contre, ça fait impeccablement le job de compter les longueurs et d’afficher le temps de repos et tout ce qui est vanté. Je sis alors clairement déçu. Je donnerais alors un 6/10 aux lunettes.
Je change les réglages : je bascule les lunettes pour avoir l’écran à gauche et je choisis de n’afficher les données qu’après les virages. Là je m’habitue bien mieux et je commence à trouver les lunettes sympa après 2-3 utilisations. Le changement de champ de vision me perturbe moins. Néanmoins, j’ai toujours nagé dans des lignes d’eau peu fréquentée à cause des restrictions COVID-19. Dans un couloir rempli de 15 triathlètes bourrins je pense que ça serait compliqué pour moi de bien repérer qui vient d’où à quelle vitesse… je n’en ai néanmoins pas fait le test jusqu’alors.
Je reviens sur un bon point des lunettes : leur facilité d’utilisation et la clarté de leur app. Pour les fans de datas, c’est évident que ces lunettes fournissent pleins de données intéressantes et qu’il est probablement possible de bien monitoire son nombre de coups de bras par minute ou la distance parcourue par couple bras avec cet outil, en tout cas mieux que ne le propose Garmin Connect. Avec de l’habitude, je commence à apprécier les lunettes, je remonterais bien la note à 7,5/10 (les points manquant à cause du prix surtout).
La semaine est dernière est sortie la mise jour attendue pour utiliser les lunettes en eau libre. L’idée est relier sa montre Garmin ou Apple aux lunettes Form Swim afin qu’elles communiquent entre elles et que l’on bénéficier de l’affichage en live dans les lunettes du chrono, de la distance parcourue (données GPS de la montre), de la fréquence cardiaque et de l’allure. Là encore la mise à jour est facile, très bien guidée. Ils sont clairement au point en matière d’interactions homme-machine.
Par contre dans l’eau, c’est à nouveau la déception. En mode eau libre, il faut mettre l’écran du côté où l’on respire le plus fréquemment et que la montre soit du même côté. Comme toujours Ray Maker l’explique très bien et Nakan.ch devrait l’expliquer sous peu en français. Et pour moi c’est vraiment difficile d’être à l’aise dans cette configuration. Je réessaierai prochainement mais mon premier essai est décevant. Je ne parle même pas de la précision des données affichées puisque j’étais dans un petit lac et que n’avais pas envie de nager longtemps comme ça. Je suis vite retourné au bord prendre mes lunettes Zoggs.
Bref, je suis complètement mitigé sur ces lunettes. C’est très bien conçu techniquement et je pense que ça peut être utile en dehors du plaisir d’utiliser des gadgets mais je n’y trouve pas franchement mon compte.
P.S. le support de Form swim a été très bon lors des échanges de mail avec moi
Récemment, You Tube m’a poussé devant les yeux des interviews d’Oussama Ammar. You Tube doit avoir deviné que je suis jeune et ambitieux.
J’ai écouté parce que c’est vrai que je suis fasciné par les beaux parleurs. Je suis vite séduit mais j’ai vite repris vite mon œil critique (plop) et j’ai repéré quelques perles. Cet homme d’affaire parla d’argent à un moment. Comme quoi toujours plus était agréable pour lui car il n’y a que l’imagination qui devient la limite à ce qu’on peut alors faire de sa vie. Je me suis mis alors à réfléchir à des choses qu’on ne peut pas acheter. Même avec le compte en banque de Bill Gates, je ne pourrais pas acheter la sensation de me sentir fort dans mon sport. Je ne peux pas acheter la connaissance de moi-même qui guide le déploiement des entraînements. Je dois accepter que le progrès survient parfois quand on ne l’attend pas et que la roadmap dessinée n’est souvent qu’un concept abstrait…
Hello, toujours plongé dans mes lectures fondamentales sur la microcirculation je voulais vous partager une petite réflexion. Comme souvent, en tirant sur un sujet la complexité grandit…
A la base, je voulais juste partager un changement de pratique : depuis quelques années, je ne fais plus couler les solutés de remplissage « en débit libre ». Je préfère les administrer doucement. J’avais en effet entendu, sans allez lire par moi-même, que la perfusion rapide pouvait être délétère sur la microcirculation, notamment en accentuant des lésions du glycocalyx. Auparavant, j’avais tendance, assez connement dois je bien écrire, à mettre les cristalloïdes en débit libre. Je crois que je basais cette idée sur la conception que le cristalloïde restait en intravasculaire puis fuyait secondairement dans l’intestitium. Je me laissais alors flouer par une amélioration transitoire de la macrocirculation : j’ai prescrit 500 ml de cristalloïdes à quelqu’un que je pensais « répondeur au remplissage », il a monté sa PA (donc peut être son débit cardiaque), il a du transporté/donné plus d’oxygène aux tissus qui en avaient besoin, j’ai gagné mon pari. Quand on écrit tout ça noir sur blanc, on se rend bien compte du manque d’humilité et oserai-je d’intelligence dans cette réflexion. (Surtout quand on lit les travaux sur le sujet où l’augmentation de PA est fugace)
Avant d’écrire ce billet, je me suis refait une petite promenade dans Pubmed et j’ai encore creusé mon ignorance. Je me rends bien compte que je n’ai pas les outils pour comprendre la pharmacocinétique d’un soluté de remplissage pourtant une pratique de chaque instant dans mon métier. En tout cas je perçois bien qu’il faut bien identifier le contexte : ça n’est pas la même chose de perfuser un sujet sain réveillé et un patient en choc septique.
En tout cas, lire, enfin s’accrocher à lire, le livre de Thomas Woodcock, me force à me creuser les méninges. En pratique, j’y vois un plaidoyer pour moins d’interventionnisme. Combien de fois je m’abstiens de prescrire de l’eau et du sel face à une « petite diurèse » lors du tout de la nuit ? Souvent ! en regardant le patient et sa biologie, j’ai souvent assez d’arguments pour éviter de remettre 500 g d’eau et de sel dans le patient. Via Negativa.
P.S. l’international fluid academy vient de sortir un article de synthèse, je vais aller voir ça
^^ CLICK BAIT ALERT ^^
J’aime l’idée de toujours avoir une explication quand on prescrit un truc.
Je n’aime pas quand l’interne répond « c’est l’habitude ici » ou « parce que le Dr X fait ça » à ma question sur la justification de sa prescription. (Attention, une habitude de service peut être quelque chose de bien, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit).
Depuis quelque temps, je lis sur l’albumine (comme soluté de remplissage). Franchement je n’ai jamais été à l’aise pour choisir entre albumine à 4% et albumine à 20%. Il y a bien sûr quelques situations « claires » en hépatologie. Mais l’hépatologie « médicale » n’est pas tellement de mon ressort. Je verse (ahaha) plutôt dans le périopératoire.
Alors pourquoi prescrire de l’albumine en péri-opératoire ? Recueil de réponses-memes :
- pour mettre autre chose quand on a déjà passé plein de cristalloïdes
- pour remonter l’albuminémie
- parce qu’on a plus de Voluven
- pour garder l’eau dans les vaisseaux
- pour éponger les œdèmes vers les vaisseaux
- pour mettre moins de volume de remplissage
- pour boucher les trous dans le glycocalyx
- pour transporter les médicaments (furosémide)
- comme soluté lors d’une plasmaphérèse
En dehors d’une infection de liquide d’ascite ou d’une hematemese, pourquoi prescrivez vous de l’albumine ? Merci
— nfkb (@nfkb) June 11, 2020
Je sais que je peux être jugé présomptueux rien que pour oser supposer des erreurs de raisonnement dans l’espace public. Franchement, je n’ai pas du tout la réponse à la question « dans quelles situations l’albumine va améliorer le pronostic de mon patient en périopératoire ? » mais je pense que prudence est mère de sureté et que lorsqu’on n’est loin de maitriser ce qu’on prescrit, il faut s’arrêter et aborder le problème différemment.
Une bonne façon d’aborder le problème c’est de lire, encore et encore et de garder un œil critique sur ce que nous faisons. Personnellement, j’achetais bien les idées sur le pouvoir oncotique, malheureusement, lorsqu’on lit sur l’équation modifiée de Starling expliquée et « popularisée » par le Dr Thomas Woodcock (voir aussi ici et là, attention c’est velu), on se rend compte que ça ne tient plus la route : les phénomènes d’absorption dans la majorité des capillaires ne sont que très transitoires.
L’albumine baisse dans l’inflammation, il y a probablement des mécanismes adaptatifs en jeu comme rendre disponible des acides aminés (pour le système immunitaire ?), pour de la régulation acido-basique ? Quand est-ce qu’on bascule dans le pathologique qui mérite l’intervention ?
Ensuite, si les colloïdes et l’albumine ont un pouvoir expansif plus élevé que les cristalloïdes, ça serait probablement en pompant de la flotte au détriment du glycocalyx, contribuant ainsi à une plus grande dilution de l’hémoglobine, pas glop.
Il y a aussi des signaux qui laissent penser que l’albumine peut-être bénéfique chez certains patients. Peut-être certains chocs septiques ? Mais aujourd’hui, je pense qu’il y a beaucoup de remplissage par albumine qui répondent juste à notre envie de *faire quelque chose* sans que ce quelque chose soit clairement positif pour le patient. Et si l’albumine permettait de sauver des vies chez des patients choc septique, j’en doute quand il s’agit d’une administration au bloc au cours d’une longue chirurgie… et le coût d’une solution d’albumine est quand même d’une cinquantaine d’euros !! (100 ml SAC 20% ou 500 ml SAD 4% c’est kif-kif chez moi en terme de prix).
En conclusion, je me vois assez bien freiner encore plus ma prescription de ces solutés dans les mois à venir. A moins que je pige (ou qu’on m’explique, cher lecteur, ne te prive pas de me donner ton avis en commentaire !) de nouveaux trucs pour améliorer le pronostic des patients.
Bonne semaine à tous !
P.S. pour équilibrer ce post voici un article récent conseillé par @rombarthelemy sur l’albumine, le glycocalyx et la microcirculation. (bon l’article est sponso par un équivalent espagnol de LFB : Grifols) https://annalsofintensivecare.springeropen.com/articles/10.1186/s13613-020-00697-1
Hi there !
Since I have done my INSCYD testing in october 2019 I have gain a lot of insights on metabolism during cycling. I find really interesting to follow the carb consumption as a proxy for the load of a workout and a guide to adjust fueling during a long ride or race.
Lately, I decide to give a try to Xert with the idea of testing their Carb:Fat Connect IQ app. I have done a lot of all out efforts recently, so my power curve (to feed their algorithm) is quite accurate. I have downloaded all the activities from Strava to Xert and installed the Carb:Fat CIQ app on my Garmin Edge.
I also installed a CIQ app called Fat/Carbs Combustion Monitor developped by Oleksiy. As input in this app, I put the estimations from Inscyd. To give you an idea, their algorithm gave me this estimation of energy expenditure. Personally, I find it highly plausible. Fatmax was around 170ish watts (MAP around 330ish) burning 0,76 g/min of fat (a bit high though ?)
I am 39 yo, 62 kg, 7,5% fat on a Tanita 4 points impedancemetry weight scale. VO2max consistently measured between 55 and 60 ml/kg in the lab, Garmin/Firstbeat in the same ballpark.
I have made some comparisons beetween the energy expenditure estimates by Xert and « Inscyd via Oleksiy app ». Xert constantly overestimates my fat consumption and underestimates my carb consumption. I take the problem in this side because Xert gave me what I feel like odd numbers. On average the overestimation of fat consumption is +30% by Xert and the biggest issue is the underestimation of carb consumption by a whooping 45%. If I would trust their numbers I would bunk in a race ! I have contacted their support and frankly the communication was bad.
In the end, I will stop my subscription to Xert, as a triathlete I don’t find the value in it since it doesn’t take into account the 2 other sports.
On the other side, I recommend digging your understanding in your exercise metabolism because it’s really interesting.
Une anecdote sur l’allergie pénicilline
Je me suis occupé récemment d’une patiente avec une maladie de Widal. L’interrogatoire apporte la notion d’une allergie à l’amoxicilline avec une réaction de grade 3. L’histoire est celle d’un choc anaphylactique survenant rapidement après une prise d’AUGMENTIN avec hospitalisation et Ig-E spécifique positive. Ça change du « ma mère m’a dit que j’étais allergique à la pénicilline depuis que je suis bébé ».
Je suis sensible à ce sujet, je travaille activement à enlever tant que possible les étiquettes d’allergie à la pénicilline.
Je commence à ruminer sur l’antibioprophylaxie pour l’intervention, une ethmoïdectomie par voie endonasale. Et je tombe dans une boucle mentale sur la céfazoline. Vais je en injecter comme antibioprophylaxie ?
Je suis pétri de contradictions. Je suis capable d’acheter un truc très cher mais je cherche tout le temps à faire des petites économies. Je ne supporte pas de dépenser « dans le vent ». Je traque régulièrement mes charges et j’essaye d’optimiser ces dépenses récurrentes.
Parfois la persévérance a du bon. C’est le cas quand à force de parcourir des articles et d’autres médias sur un même sujet je tombe enfin sur les réponses aux questions que je me posais au départ.
Revenons au sujet des oméga-3.
Rapide billet de futurologie. Depuis que j’ai pris conscience grâce à INSCYD de l’importance de brûler du gras pour les épreuves d’endurance longue, je m’intéresse beaucoup plus à la consommation énergétique pendant l’effort. Je crois que c’est une piste d’avenir pour les gadgets de sport.
Aujourd’hui, on a une estimation assez grossière de la dépense énergétique pendant un effort. C’est pas tip top… chez moi des écarts de 14% sur des sorties récentes avec des méthodes différentes. Ce qui serait très intéressant et UTILE pour gérer un effort long, ça serait d’avoir une estimation de la quantité de lipides et de glucides brûlés pendant l’effort.
C’est difficile de déterminer sans épreuve d’effort au laboratoire mais INSCYD semble bien se rapprocher du but (avec des estimations prudentes) et XERT propose aussi des données de consommations de glucides et de lipides per effort. J’aimerais bien m’amuser à faire une épreuve d’effort qui mesure assez longtemps pour avoir des quotients respiratoires stables et obtenir ainsi une estimation plus fine de la zone FatMax.
Je me vois encore dans l’amphithéâtre de la Faculté de Médecine. C’était « l’amphi-vidéo » où l’on assistait à la retransmission du cours qui avait lieu dans l’amphi voisin. C’était en 1998, j’étais en PCEM 1 et les premiers cours de biochimie étaient un sacré défi. Je buvais les paroles du Professeur qui nous dessinait de belles molécules. Les noms de ces molécules résonnaient comme des ingrédients magiques : eicosapentaénoïque, docosohexaénoïque…
Un peu plus tard j’ai retrouvé les oméga-3 dans la ribambelle de bouquins « grands publics » sur la nutrition que j’ai lus en P2/D1. Je découvrais que j’étais fait de ce que je mangeais et ça me faisait réfléchir. Je trouvais hyper séduisant le rationnel autour d’un bénéfice sanitaire sur les acides gras type oméga-3. Et comme je n’étais pas tellement enclin à manger des maquereaux en boîte, les oméga-3 ont fait partie des premiers contacts avec le business des compléments alimentaires. Pour l’anecdote, j’ai traité de ce sujet il y a 10 ans dans les premiers billets de ce blog.
tl;dr ce sujet relève typiquement du micro-management qui peut empoisonner la vie, choisis ton camp camarade !
Avant le confinement, plusieurs conversations se sont télescopées autour de la façon de recharger son téléphone, et plus particulièrement l’iPhone. Les plus geeks ont des stratégies de gestion de la charge de leur batterie, des avis sur tel ou tel chargeur et on pense tous faire de la bonne façon ;+)
Ce qui me marque sur ce sujet c’est qu’alors que ça concerne à peu près tout le monde, avec des appareils qui partagent grossièrement les mêmes caractéristiques (lithium-ion battery), on n’est pas foutu d’avoir des recommandations claires sur la meilleure façon de prolonger l’espérance de vie de sa batterie (lifespan en anglais). Je n’aime pas les cris au complot et à l’obsolescence programmé donc je n’aborderai pas ça du tout ici. Nous sommes nombreux à être attachés à nos appareils et donc préoccupés par sa batterie, comment se fait il que des bonnes recommandations d’hygiène de batteries ne soient plus communément admises ?
Hi there ! With the end of the COVID19 lockdown I was eager to challenge myself. I did several critical power tests to assess my fitness and have the feelings of all out challenge like a race would be.
I had a good block of training with a lot of endurance on the bike and solid 4×8 min efforts around 90% of my HRpeak. Mid April I felt really good. This fell apart a little bit with a streak of on calls at the hospital. I put emphasis on sleep and recovery before engaging in a series of tests.
Comme je vous l’écrivais dans les notes sur COVID19, le sport est resté une excellente façon de m’épanouir pendant cette période stressante. Comme j’ai quand même fini par avoir un peu plus de travail (notamment des gardes) la fatigue s’est accumulée petit à petit. J’ai donc ralenti les entrainements et j’ai pris le temps de réfléchir à mon entrainement.
C’est compliqué de s’entrainer seul. Quand j’écris ça, je pense à la vision globale de l’entrainement, pas au déroulement des séances. Comment s’organiser pour construire quelque chose de pertinent ?
Je viens de lire cet article en open-access :
C’est un excellent résumé de la problématique sport et athérosclérose. Le focus est plutôt sur course à pied et calcifications coronaires puisque c’est ce qui est le plus étudié mais le sujet est quand largement exploré.
Moi qui n’y connait rien en imagerie cardiaque, j’ai tendance au fil des lectures à être méfiant vis à vis du CAC score et son côté un peu « fourre-tout ». Sur ce sujet on peut aussi s’interroger sur les motivations pour faire cet examen à des marathoniens. Si c’est uniquement à visée scientifique, ça a beau être intéressant sur le plan physiopath, ça pose de belles questions éthiques.
En conclusion, pas eu d’article changeant la donne depuis mon billet de l’hiver 2019, mais si le sujet vous intéresse cet article est vraiment une bonne lecture.
P.S. ça serait sympa qu’il y ait une app qui pompe les données Strava pour calculer la charge d’activité physique en MET-hours ou MET-minutes hebdomadaires. Smashrun le fait pour la CAP.
La communication à grande échelle de Didier Raoult et de son équipe continue de me sidérer. Les foules le suivent. C’est délirant. Les raisonnements médicaux de base sont inaudibles. Les réseaux sociaux sont définitivement toxiques en dehors d’une bulle filtrante de pairs bien choisis. Heureux d’avoir eu une bonne conversation téléphonique là dessus avec Daddy the Beat, ça fait du bien d’être écouté. Je vous conseille la lecture de cet article pour vous faire une idée des conséquences du problème. (si vous avez les nerfs solides, vous pouvez aussi lire les commentaires…) Notez qu’il y a beaucoup de communications dans différents pays pour souligner les effets indésirables (prévisibles) et pas de nouvelles d’une efficacité (espérée). Les études sont à suivre.
Dans la série Twitter toxique, je peux aussi dégager les libertariens en culottes courtes de ma timeline. Comment peut-on aujourd’hui être à se point déconnecté de la réalité pour se plaindre de l’intervention de l’état ?
https://twitter.com/loran/status/1244928214457352193
Et les réseaux sociaux toxiques, ce sont aussi et surtout les comptes avec de faux-nez (false flag en langage du renseignement) qui dispensent des propos à même d’augmenter l’angoisse à grands renforts de fake news bien maquillées.
https://twitter.com/guillaume_hb/status/1245821951127347200?s=12
Pour le faux compte dont il est question ci dessus, ça me parait une évidence tellement il y a d’incohérences dans les médias utilisés (j’ai repéré des drogues d’anesthésie périmées de 2017…).
Là où ça devient vraiment drôle c’est quand les chasseurs de complots et de #PsyOps finissent par traiter de faux compte des médecins établis sur Twitter depuis (presque) 10 ans. Au moins ça donne l’occasion de rigoler avec de nouveaux hashtags genre #TeamRiposte
ça ressemble fort à une équipe riposte, oui.
— Fabrice Epelboin (@epelboin) April 1, 2020
Pour ma part, j’essaye de faire un tri drastique sur les RS, je cherche ce qui m’intéresse, je montre à l’algorithme que n’aime pas les chouineries diverses et il reste d’excellentes conversations comme celle ci :
Patient with #COVID19 under MV. Sedation with sufentanyl and propofol. pic.twitter.com/ehw2pMqfwa
— Lascarrou (@JBLascarrou) April 2, 2020
Ce genre de sondage a le mérite de faire ressortir mes faiblesses en ventilation de réanimation. Je vais replonger dans les asynchronies et j’espère en sortir plus serein devant un problème de désadaptation du ventilateur.
Sinon, ben les égos ça fait chier quoi.
Pas de COVID19 pour moi. Notre GROOOOOOS hôpital absorbe, je fais donc de l’anesthésie, et ça continue de me plaire. Nous avons pu faire 47% des opérations programmées ces derniers temps, la cancérologie bien sûr. Nous avons adapté nos protocoles d’anesthésie pour que certains médicaments soient moins consommés. C’est la première fois que je ne fais pas exactement ce que je veux comme anesthésie pour des raisons contextuelles et ben c’est pas grave, ça donne l’occasion de voir les choses différemment 🙂
Sur le plan personnel ça va très bien. J’ai l’impression que j’arrive vraiment à simplifier des trucs ou à bien vivre le fait d’être ne mode dégradé. Pour un control freak voué à l’optimisation à tout va je trouve ça bien. Le vélo me fait toujours du bien (record hier avec 4h04 de home-trainer, on met sa fierté où on peut, et si comme ce très cher Dr Laurent DM vous penser à mon cul sachez que mon périnée a bien encaissé 4h de selle sur place.) Sur le vélo je regarde des trucs différents de d’habitude, de la cuisine avec Alex French Cooking et de la critique du marketing digital avec « Le Créatif ». Si je n’adhère pas à fond à la forme (coucou Décathlon, désolé pour tes masques) j’aime bien le message. Et j’ai bien aimé cette vidéo sur l’actualité et je pense que je vais acheter (et lire) ce bouquin sur l’écologie de l’attention.
Bonus : un raccourci iOS pour automatiser les attestations numériques, c’est pas super intuitif mais ça fonctionne, le code est propre. Je peux vous aider si vous peinez à l’installer/utiliser.
Bises à M’sieur J de garde !!
Journal #COVID19 chapitre 3
Cette semaine, je suis allé faire un tour chez mes collègues de réa chir. J’ai fait l’observateur et un peu l’externe en essayant de rendre service sans trop faire chier (exercice difficile pour moi :D) J’ai découvert une équipe qui turbinait très très fort avec des internes très investis. Ca m’a fait du bien de réviser le fonctionnement du service en journée, de me familiariser avec leur logiciel de prescription et de faire de la médecine ! Dans nos discussions, nous alternons entre gestion de l’incertitude et certitude que Didier Raoult sème la discorde. Le bon côté des choses c’est qu’en s’exposant, des gens intelligents vont creuser bien profond dans ses « travaux », ça risque de faire mal… Le mauvais côté des choses c’est la croyance populaire boursouflée d’un mélange de peur et d’espoir qui revient sur le devant de la scène. Encore une nouvelle religion qui veut s’imposer contre la science. Les religions déguisées en science sont encore plus difficiles à combattre (cf pratiques diététiques alambiquées). Je suis meurtri par la violence des propos sur les réseaux sociaux, des gens sortis de nulle part insultent copieusement les médecins et scientifiques qui mettent en garde contre les recettes magiques. C’est tellement gros que je suis persuadé qu’il y a part de manipulation calculée des réseaux sociaux. Il est tout à fait possible que des gens malveillants cherchent à profiter de l’instabilité ambiante. C’était d’ailleurs montré à propos des bots anti-vax.
Journal #COVID19 chapitre 2
Mercredi 18 mars
Vélotaf incroyable hier soir, il faisait beau, la route était déserte, un vrai plaisir. Faut trouver du positif les amis 🙂
Hier soir, beaucoup d’interrogations autour de l’utilisation des masques, les recommandations changent tout le temps, j’ai le sentiment que les recommandations sont fortement contraintes par la pénurie. Personnellement j’ai la goutte au nez et j’aimerais trouver le bon compromis entre respecter les recos, conserver des ressources et éviter de contaminer qui que ce soit si j’étais une sorte de porteur paucisymptomatique. Je vais mettre un masque mais je peine à m’habituer à cette idée de faire au moins pire plutôt qu’au mieux. Ça sera pourtant une clé dans la gestion de cette épidémie.
Ça fait longtemps que je suis attentif au sujet des nausées et vomissements post-opératoires grâce à l’encadrement dont j’ai bénéficié en tant qu’interne. Je pense que c’est un problème assez simple à cerner c’est donc dommage de le négliger.
Vous connaissez le problème, avec les douleurs c’est la principale source d’inconfort des patients après une intervention. Il y a des patients et des interventions à risque, si vous me lisez il est fort probable vous connaissiez le topo, sinon commencez par les recos SFAR 🙂
Quelques points qui méritent d’être soulignés et dont j’aimerais débattre avec vous :
Journal #COVID19 chapitre 1
J’ai besoin d’écrire pour garder une trace de tout ça.
J’ai entendu parlé du coronavirus COVID19 début janvier quand les premiers mails de la DGS sont tombés. Je me suis dit, tiens, ils ont un bon réseau de veille. Il fallait tout de suite prévenir le SAMU si quelqu’un revenant de Chine avait de la fièvre.
Premières blagues avec les copains pilotes d’avion, premières images d’une Chine à l’arrêt mais ça parait si lointain… pas de copain chinois à contacter, pas facile de lire le chinois sur le web…
Mi février, en vacances, pourtant en diète d’informations et réseaux sociaux, je vois que ça se tend fort en Italie et qu’il faut isoler chez eux les gens qui reviennent d’Italie, ça parait dingue comme mesure mais c’est que c’est sérieux, ma vigilance est clairement montée d’un cran. Il y a vite ordre et contre-ordre, on sent que ça va être compliqué.
Retour des vacances dans des trains bondés, on est dans le flou. Au travail je pense déjà à mettre un masque en consultation mais je ne ne fais pas par crainte d’être jugé catastrophiste ou de consommer des ressources inutilement. L’angoisse monte en moi, mais finalement faire des consultations, faire des trucs routiniers m’apaisent.
Vendredi 6 mars, je suis de garde, devant une pneumonie nosocomiale je me demande déjà s’il faudrait tester des patients mais le contexte n’est pas encore assez fort. Le 8 mars, je vais à un spectacle, inquiet, mais j’y vais. Et la salle est comble. Le 9 mars je vois l’épidémie qui s’apaise en Chine, ça me fait du bien.
Je comprends vraiment le problème le 10 mars à la lecture des retours italiens. L’allumette est craquée, je brûle vraiment intérieurement. On en est encore à réfléchir comment on va gérer des déplacements prévus prochainement, comment notre petit confort va être impacté.
Les collègues médecins appellent à l’aide pour des consultations de triage des cas suspects de COVID19. Je décide d’aller aider le dimanche suivant. C’est couillon mais je veux symboliquement me montrer solidaire. Je n’ai pas encore compris que l’anesthésie-réanimation va se prendre une grosse baffe.
Le Président de la République annonce la fermeture des écoles. Ça y est tout le monde va être impacté. Les chouineurs râlent. On commence à faire le tri entre les vrais cons et des gens en maîtrise.
Le dimanche 15 mars, j’aide au dépistage. J’ai un sentiment de futilité puisque le virus est désormais partout. A ce sentiment s’ajoute la tristesse de voir les élections se dérouler, des carnavals improvisés et d’autres réunions publiques.
Lundi 16 mars, tout le monde a une belle soeur qui sait de source sûre que le vrai confinement arrive. Manipulation de masse calculée via les réseaux sociaux ? Le discours du Président de la République est très bien calculé. De multiples astuces de langages et de communication sont utilisées pour transformer l’opinion. J’attendais quand même plus de fermeté. Il faudra attendre le discours du ministre de l’intérieur pour avoir des consignes plus précises. Ces calculs politiques de qui dit quoi me saoulent, « nous sommes en guerre » et on louvoie encore… #sigh Partout on perçoit la pression qui monte, les masques qui manquent, le SHA indisponible, etc. Je me sens encore plus éloigné que d’habitude des concepts de patriotisme et de nationalité quand je vois l’absence de respect des mesures. Je comprends aussi que l’opinion publique ne voit pas les malades, ils ne savent pas ce que c’est, c’est pour ça que ça leur échappe…
Mardi 17 mars, les rues se vident un peu, paradoxalement je n’ai jamais si peu eu besoin d’un masque à vélo pour aller travailler. La météo est magnifique et l’ambiance à l’hôpital est pesante. En anesthésie nous ne sommes pas encore dans le cyclone viral. Juste dans les coups de vent annonciateurs de l’ouragan : on déprogramme, on manipule les consultations, etc. on renvoit chez eux des collègues malades, on espère que le collègue parti à Tataouïne puisse revenir. Je vois le professeur Raoult qui essaye encore de buzzer. Je vois comme le souligne justement Florian Zores qu’on peut maintenant donner des cachetons dangereux sur la base d’une étude foireuse d’une vingtaine de sujets alors qu’on trouve toujours à critiquer des études avec des milliers de patients… dingo.
Il faut rester cool avant que la tempête n’arrive sur nos gueules. BRACE BRACE // BRACE BRACE